Près de Lyon en juillet 2017. / ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Les tarifs des péages autoroutiers vont augmenter, jeudi 1er février, de 0,87 % à 2,04 % pour les principaux réseaux concédés par l’Etat à des exploitants privés comme le groupe Vinci. Une hausse, plus importante qu’en 2017 (environ 1 %) que les sociétés concessionnaires justifient par l’inflation et le coût des travaux d’entretien du réseau français concédé, soit 9 000 kilomètres à péages. Les autoroutes de Rhône-Alpes (AREA) exigeront plus 2,04 %, Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) 2%, Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France (Sanef) et la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN) 1,39%, Autoroutes du Sud de la France (ASF) et Autoroutes Esterel-Côte d’Azur (Escota) 1,34%, Cofiroute 1,33 %, Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) 1,03 % et Société française du tunnel routier du Fréjus (0,87%).

  • Pourquoi ces augmentations ?

Les sociétés d’autoroute peuvent relever les tarifs de trois manières. Elles ont droit de répercuter jusqu’à 70% de l’inflation de l’année précédente. De plus, elles compensent la redevance domaniale versées à l’Etat, qui a progressé en 2013 pour financer des infrastructures et qui sera répercutée en 2016-2018. Enfin, elles réintègrent à leur gré dans les péages le coût des travaux supplémentaires réalisés au-delà des engagements inscrits dans les contrats de concession.

Les automobiliste paieront aussi un gel décidé en 2015. Après un rapport de l’Autorité de la concurrence critiquant la « rente » des sociétés autoroutières depuis la privatisation de 2006, Ségolène Royal, alors ministre des transports, avait gelé les tarifs. Une mesure injuste, selon les sociétés d’autoroutes, qui avaient répliqué en évoquant leurs investissements dans le réseau. Puis obtenu gain de cause : les 500 millions de manque à gagner estimés par l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) seront « remboursés » par les usagers entre 2019 et 2022.

  • Les augmentations de février sont-elles justifiées ?

Le Comité des usagers du réseau routier national n’a pas apprécié les hausses présentées il y a quelques jours. Il demande au gouvernement de mieux négocier les tarifs au profit des automobilistes. Le réseau français est sans doute l’un des mieux entretenus d’Europe, mais aussi l’un des plus chers. Et de nombreuses voix, comme celles de l’association 40 Millions d’automobilistes, s’élèvent pour dire que l’emprunter est devenu « un luxe ». Une discrimination s’est ainsi créée entre ceux qui peuvent se payer l’autoroute, plus rapide et plus sûre, et ceux qui doivent se rabattre sur le réseau secondaire, où les accidents sont plus nombreux.

  • Les sociétés d’autoroutes ont-elles la main trop lourde ?

En juin 2017, l’Arafer avait rendu un avis très critique, mais non-contraignant, sur le plan d’investissement public autoroutier (803 millions d’euros) publié six mois plus tôt, qui s’ajoutaient aux 3,2 milliards déjà prévus. Elle jugeait que « les augmentations de tarifs de péages prévues excèdent le juste niveau qu’il serait légitime de faire supporter aux usagers » et que « le niveau de rémunération des sociétés concessionnaires devrait être plus conforme aux risques supportés ». Le financement d’un tiers de ce plan par les automobilistes n’était, selon elle, « pas justifié ». Quant aux deux-tiers restant, les sociétés concessionnaires auraient surestimé le coût des travaux.

  • La gestion des autoroutes est-elle une activité attractive ?

Oui, si l’on en croit l’appétit de certains opérateurs. Outre les géants français du BTP et de la concession Vinci et Eiffage, le groupe autoroutier espagnol Abertis, dont c’est le premier marché, compte s’y développer, notamment dans la Sanef. La France « offre d’importantes opportunités en termes de création de valeur grâce aux accords avec le gouvernement en vue de nouveaux investissements, en échange de prolongements de concessions ou de hausses de tarifs », estime le groupe, qui se félicite aussi d’un « cadre juridique stable ».