Taner Kiliç avait été arrêté en juin 2017. / Lefteris Pitarakis / AP

Le répit aura été de très courte durée. Le président d’Amnesty International en Turquie, jugé pour appartenance à une « organisation terroriste », a été placé en garde à vue dans la nuit de mercredi à jeudi 1er février, quelques heures seulement après qu’un tribunal d’Istanbul avait ordonné sa remise en liberté conditionnelle.

Taner Kiliç a été arrêté en juin 2017 et était incarcéré depuis, accusé d’appartenir au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch manqué de l’été 2016, ce qu’il nie fermement. Lors d’une audience de son procès mercredi, un tribunal d’Istanbul avait ordonné sa remise en liberté conditionnelle, au grand soulagement de ses proches et d’Amnesty International.

Mais un nouveau mandat d’arrêt a été émis dans la foulée et M. Kiliç a été placé en garde à vue dans une gendarmerie à Izmir, où il était incarcéré, ont annoncé dans la nuit plusieurs responsables d’Amnesty sur Twitter.

« Manœuvres légales étranges »

Gauri van Gulik, directrice du programme Europe à Amnesty International, a dénoncé des « manœuvres légales étranges visant à maintenir (Taner Kiliç) derrière les barreaux ». La responsable a précisé que M. Kiliç devait être emmené devant un tribunal dans la matinée jeudi, afin qu’une décision soit prise sur sa détention.

M. Kiliç est jugé avec dix autres militants des droits de l’homme, tous placés en liberté conditionnelle, dont la directrice d’Amnesty en Turquie, Idil Eser, un ressortissant allemand, Peter Steudtner, et un militant suédois, Ali Gharavi. Tous sont accusés d’avoir aidé trois « organisations terroristes » : le mouvement du prédicateur Gülen, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et une petite organisation d’extrême gauche appelée DHKP-C.

Ce procès, dont la prochaine audience doit avoir lieu le 21 juin, a renforcé l’inquiétude quant à l’érosion des libertés en Turquie depuis la tentative de putsch, à la suite de laquelle 55 000 personnes ont été arrêtées, dont des journalistes critiques et des acteurs de la société civile.