L’usine Lactalis de Craon (Mayenne), en décembre 2017. / DAMIEN MEYER / AFP

Deux mois, jour pour jour, après le début de la crise de la contamination à la salmonelle de ses produits infantiles, Lactalis livre son explication. Cette crise a notamment été marquée par la détection, par les autorités sanitaires, de 37 bébés atteints de salmonellose. Dans un communiqué publié jeudi 1er février, le groupe donne des éléments d’explication et dessine des perspectives de l’activité de son usine de Craon (Mayenne).

Lactalis estime que « le foyer de la contamination a été identifié au pied de la tour de séchage numéro 1, avant de se disséminer à l’ensemble de celle-ci. La contamination est sporadique, mais étendue sur plusieurs mois, et de manière suffisante pour présenter des risques à plusieurs endroits de cette tour ».

Cette propagation, « cet accident », selon l’entreprise d’Emmanuel Besnier, Lactalis l’explique par des périodes de travaux successives à partir du début de 2017, lors du démontage de cloisons et de la réfection des sols dans le bâtiment. Lors de ces travaux, la Salmonella Agona a été libérée. Les analyses ont conclu que les souches détectées en 2017 étaient de même nature que celles qui avaient contaminé l’usine de Craon en 2005. Le site appartenait alors à la société familiale Celia, et plus d’une centaine de nourrissons avait souffert de salmonellose. En 2006, Lactalis rachetait Celia et entrait sur le marché des produits infantiles.

Limiter l’impact social

Le leadeur mondial des produits laitiers explique que la tour numéro 1 est dévolue à la fabrication de produits en petits volumes. Ils nécessitent l’utilisation d’équipements spécifiques. Des équipements qui ne sont pas nettoyés de manière automatique. Ce serait lors de ces nettoyages que la salmonelle aurait poursuivi son chemin de contamination, même après la fin des travaux.

Lactalis persiste à dire que, jusqu’à l’alerte lancée le 1er décembre, elle ignorait la contamination de certains produits fabriqués dans son usine. Elle estime à 16 000 le nombre d’analyses réalisées en 2017. A comparer, toutefois, aux 12 millions de boîtes produites sur cette période dans l’usine. Un volume total que l’entreprise a finalement décidé de retirer de la vente. Lactalis reconnaît que son plan de contrôle doit être amélioré. « Un questionnement sur l’efficacité de nos contrôles est nécessaire », dit-elle. Le groupe confirme qu’il soumettra un plan d’action aux autorités. Le numéro un mondial s’interroge aussi sur la sensibilité des analyses confiées à un laboratoire extérieur.

A la suite de ces premières conclusions, Lactalis prend la décision de fermer la tour numéro 1. Pour autant, elle confirme qu’elle reste sur le marché des produits infantiles et prépare un plan de redémarrage de la tour numéro 2. Elle espère limiter l’impact social de cette décision, en proposant des reclassements sur un des sept sites industriels du groupe inscrits dans un rayon de 50 kilomètres. Depuis début janvier, 250 des 327 salariés de l’usine de Craon sont au chômage technique.

Par ailleurs, dans un entretien accordé aux Echos, le PDG, Emmanuel Besnier, précise que la crise du lait infantile contaminé pourrait coûter « plusieurs centaines de millions d’euros » à son entreprise. « On ne peut pas le dire de façon définitive, mais ce sera très lourd. »