En Californie, des milliers d’amnisties liées à la marijuana
En Californie, des milliers d’amnisties liées à la marijuana
Le Monde.fr avec AFP
La ville de San Francisco va examiner jusqu’à 8 000 condamnations et infractions à la lumière de la nouvelle législation, autorisant le cannabis récréatif.
Dans un dispensaire à marijuana, à Oakland en Californie. / ELIJAH NOUVELAGE / REUTERS
Frontalement opposée à l’administration Trump, la ville de San Francisco, en Californie, a lancé une amnistie sur toutes les condamnations liées au cannabis depuis plus de quarante ans. Le bureau du procureur de l’agglomération a ainsi fait savoir qu’il allait « appliquer rétroactivement la mesure (…) légalisant la possession et la consommation de marijuana à usage récréatif », adoptée en novembre 2016, « à des infractions et condamnations pénales remontant à 1975 ». Jusqu’à 8 000 condamnations et infractions vont ainsi être examinées.
« Bien que les politiques liées à la drogue fassent un pas en arrière au niveau fédéral, San Francisco prend une fois de plus l’initiative de réparer les dégâts causés par la désastreuse (…) guerre contre la drogue », a commenté le procureur George Gascon. « Une condamnation pénale peut être une barrière à l’emploi, au logement et à d’autres subventions. »
La porte-parole de la procureure de San Diego, Summer Stephan, a précisé à l’Agence France-Presse que la ville balnéaire située à la frontière du Mexique avait pris des mesures similaires pour effacer des casiers judiciaires liés au cannabis depuis déjà un an.
Les personnes qui ont vendu de la drogue à des mineurs ou impliqués dans des violences, particulièrement les agressions sexuelles et viols, ne peuvent bénéficier de ces amnisties.
« Justice réparative »
Gavin Newson, l’un des adjoints du gouverneur de Californie et ex-maire de San Francisco, met en avant les « vies brisées par un système pénal de la marijuana coûteux, brisé et racialement discriminatoire ».
Le procureur Gascon souligne que la « guerre contre la drogue », surnom de la politique fédérale de lutte contre les stupéfiants menée pendant des années, a entraîné des « arrestations inégales à travers les groupes raciaux », les Noirs et Hispaniques faisant l’objet de plus fréquentes interpellations et incarcérations que les Blancs, bien que « de multiples études aient démontré que la consommation et vente de drogue est équivalente ».
En Californie, plusieurs villes comme Los Angeles ou Oakland, et Portland en Oregon, tentent de remédier à ces disparités et mettent en place des mesures de « justice réparative », en donnant par exemple la priorité aux Afro-américains ou Hispaniques dans l’attribution de licences de commercialisation.
Huit Etats, dont le Colorado et l’Etat de Washington en plus de Washington DC, ont déjà légalisé la drogue douce à usage récréatif, et trente Etats avec la capitale fédérale l’ont légalisée à usage thérapeutique. Elle reste toutefois illégale au niveau fédéral.
Si l’administration Obama avait levé le pied sur les arrestations et poursuites liées à la marijuana, le gouvernement Trump et son ministre de la justice, Jeff Sessions, ont au contraire durci le ton.