Kevin Kühnert, président du mouvement de jeunesse du SPD (« les Jusos »). / DPA/Abaca

Président du mouvement de jeunesse du parti (« les Jusos »), qui compte 70 000 membres, Kevin Kühnert mène campagne contre une réédition de la « grande coalition ».

La revanche des Kevin

Kevin Kühnert est né le 1er juillet 1989 à Berlin-Ouest. Selon le quotidien Bild, il a appris tôt à balayer les blagues sur son prénom, qu’il doit au footballeur britannique Kevin Keegan, apprécié de ses parents. Est-ce de là qu’il tient la tranquille assurance avec laquelle il ose défier la direction de son parti, Martin Schulz en tête ? Les Kevin tiennent en tout cas leur revanche : « Tu sais que les choses vont mieux quand, pour la première fois, un chancelier s’appelle Kevin », affirmait en 2007 une chanson du groupe humoristique Pigor & Eichhorn, récemment citée dans les médias.

La carte jeune

Depuis novembre 2017, Kevin Kühnert est le président des jeunes sociaux-démocrates, les Jusos, qui comptent 70 000 membres et furent dirigés jadis par Gerhard Schröder. Sa campagne infatigable pour le « non » à une nouvelle « grande coalition » a donné au mouvement une lumière inédite. Les Jusos apparaissent comme le cœur encore vivant d’un SPD divisé et angoissé par son déclin. « Notre génération tient à ce qu’il reste quelque chose de cette boutique, bon sang de bois ! », a-t-il déclaré au congrès du parti en décembre 2017.

La nouvelle star

Lors d’un congrès national extraordinaire le 21 janvier, son intervention de quelques minutes a été davantage applaudie que le discours d’une heure de Martin Schulz. Résultat : le vote des délégués a été extrêmement serré. Sa maîtrise du discours impressionne les journalistes. Il parle calmement, sans notes ni hésitations, et sait susciter l’émotion de son public. « Quelle que soit l’option que nous choisirons, cela fera mal », a-t-il lancé.

La relève

Kevin Kühnert ne plaide pas pour de nouvelles élections, mais pour un gouvernement minoritaire en Allemagne. Une option qui permettrait de renforcer le Parlement et de ressourcer les partis, estime-t-il. Un avis que partagent certains trentenaires au sein du Parti libéral-démocrate (FDP) et chez les chrétiens-démocrates (CDU) : une génération lassée de l’ère Merkel, marquée par douze années de consensus et de pragmatisme politique.