Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dont l’AFP a eu connaissance mercredi 31 janvier, a conclu que les sites pollués par les déchets toxiques du cargo Probo Koala à Abidjan en 2006 ne sont plus dangereux.

« Aucun des sites où les déchets issus du Probo Koala ont effectivement été déversés ne présente une contamination supérieure aux seuils établis par le gouvernement de la Côte d’Ivoire pour la dépollution. Par conséquent, aucun de ces sites ne nécessite une intervention complémentaire, même au regard de normes internationales », affirme l’audit environnemental.

En août 2006, le cargo Probo Koala, affrété par la société de courtage pétrolier suisso-néerlandaise Trafigura, avait débarqué à Abidjan plus de 500 mètres cubes de déchets hautement toxiques issus d’hydrocarbures.

Un sous-traitant ivoirien, la société Tommy, les avait transférés dans des camions-citernes puis déversés de façon sauvage dans une douzaine d’endroits de la capitale économique ivoirienne. Au moins 17 personnes étaient mortes et des dizaines de milliers d’autres avaient été intoxiquées. L’affaire avait provoqué un scandale international, mais Trafigura n’a jamais été condamnée par la justice.

La santé des communautés affectée

Pour établir le rapport, 130 échantillons de sol, d’eau, d’air, de sédiments, de mollusques, de fruits et de légumes ont été prélevés en 2016 et 2017 sur 18 sites à travers la ville par des experts environnementaux du PNUE, missionnés à la demande du gouvernement ivoirien.

Si les conclusions du rapport apparaissent « rassurantes », les experts cependant « n’excluent pas que la santé des communautés soit encore affectée par leur exposition initiale aux déchets en 2006 ».

« La question de savoir si ceux qui ont été affectés au moment du déversement continuent de souffrir de troubles physiologiques ou psychosomatiques est d’autant plus cruciale qu’un suivi systématique des populations affectées n’a pas eu lieu au cours de cette dernière décennie », avertissent les experts, recommandant donc au gouvernement ivoirien la mise en place d’un vaste programme de suivi médical.

« Ces conclusions sont un soulagement pour ceux qui vivent ou travaillent près des sites de déversement », mais « onze ans après, les victimes demeurent dans le flou quant aux éventuelles conséquences à long terme sur leur santé », a estimé Amnesty International dans un communiqué.

Kalandjibo Balo, 23 ans, vit du recyclage plastique dans le décharge d’Akouedo, près d’Abidjan (le 25 février 2016). / Thierry Gouegnon/Reuters

Trafigura a toujours démenti que les déchets du Probo Koala aient pu causer décès, blessures et maladies graves.

Des victimes ont lancé en septembre 2017 une nouvelle procédure judiciaire aux Pays-Bas contre Trafigura, après l’échec d’une première action en 2016.

La société avait signé deux accords, en 2007 en Côte d’Ivoire et 2009 au Royaume-Uni, qui prévoyaient au total 185 millions d’euros d’indemnisations. Un montant jugé dérisoire étant donné le nombre de personnes touchées. Sur les 152 millions d’euros versés à l’Etat ivoirien, 33 millions d’euros d’indemnisation devaient être versés à près de 30 000 victimes. Mais une partie a été détournée par des responsables ivoiriens. Des dizaines de milliers de personnes se battent toujours pour percevoir leurs 1 150 euros de dédommagement.

Le directeur du sous-traitant Tommy a lui été condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne.