La peinture française du XVIIIe siècle n’est pas réputée exercer une grande influence sur l’art actuel. On connaissait une ­exception, le Britannique Yinka Shonibare, ses vidéos et photos en costumes du temps de Hogarth. La Dublinoise Genieve Figgis en est une deuxième. Elle prend ses sujets dans Boucher et Fragonard, hasards de l’escarpolette et conversations galantes – ou plus. De ces tableaux langoureux, elle peint des versions si fluides que l’on dirait que les œuvres originelles sont en train de fondre ou de se dissoudre. Compositions, paysages et figures résistent à ce traitement, mais il emporte les détails. Il emporte aussi parfois les chairs, de sorte que les fêtes galantes tournent aux amours macabres. Les crânes sont à nu, alors que velours et soies résistent. Ses tableaux balancent ainsi ­entre le grotesque et le funèbre, le comique appuyé et le tragique. Ensor se glisse de temps en temps dans ces jeux de ­citations et de travestissements et sans doute aussi quelques plans du Barry Lyndon, de Stanley Kubrick. Cette peinture est moins simple et désinvolte qu’elle ne veut le paraître.

« The Swing (After Fragonard) » (2017), de Genieve Figgis. / ALMINE RECH GALLERY/GENIEVE FIGGIS

« Wish You Were Here », de Genieve Figgis. Galerie Almine Rech, 64, rue de Turenne, Paris 3e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 24 février. alminerech.com