LES CHOIX DE LA MATINALE

Un documentaire sur l’égérie hollywoodienne Rita Hayworth, un autre sur la révolution musicale à l’œuvre en Afrique et un reportage sur le lucratif business des mariages au Nigeria : voilà notre sélection hebdomadaire de replays.

Envoûtante Rita Hayworth

Rita Hayworth & Fred Astaire: So Near and Yet So Far
Durée : 04:26

Plus qu’à sa carrière cinématographique, c’est à la vie, passablement malheureuse, de Rita Hayworth (1918-1987), qu’est consacré ce documentaire de 1990 – illustré hélas d’une épouvantable musique sur synthétiseur. Margarita Carmen Cansino était une enfant de la balle, travaillant très jeune sous la houlette de ses parents danseurs (père espagnol, mère américaine) dont les shows proposaient des espagnolades chorégraphiques. Elle débute sous le nom de Rita Cansino, mais ce patronyme sonnant trop « hispanique » et « exotique », son agent le lui fait changer en 1937, après quelques premiers films : naît alors la légendaire Rita Hayworth (le nom de jeune fille de sa mère).

Tous les témoins (Kim Novak, Glenn Ford, Jack Lemon, etc.) qui s’expriment dans ce documentaire émouvant insistent sur la gentillesse sans façon de cette femme qui, pourtant, deviendra une très grande vedette et l’égérie façon pin-up de tant d’hommes – et de soldats pendant la guerre. Elle se mariera cinq fois : cinq échecs.

Se réfugiant volontiers dans l’alcool, l’actrice sera diagnostiquée en 1980 comme souffrant de la maladie d’Alzheimer, à laquelle elle succombera sept ans plus tard, pas encore septuagénaire. Sa fille, la princesse Yasmin Aga Khan, qu’elle eut en 1949 avec le prince Ali Khan, raconte les dernières années cruelles et pénibles de sa mère. Le chorégraphe Hermes Pan rappelle une chose qui est peu sue : Rita Hayworth était la partenaire préférée de Fred Astaire, avec laquelle il tourna deux films. Renaud Machart

« Rita Hayworth : Dancing Into the Dream », d’Arthur Barron (Etats-Unis, 1990, 52 minutes) A la demande sur OCS Go.

« Fonko… » : Rythmes, époques et sons en fusion

Fonko Official Cinematic Trailer
Durée : 01:22

La révolution musicale actuelle vient de là, du fond des ruelles sombres de plusieurs bidonvilles africains. A l’origine, un mix des styles traditionnels avec des rythmes et des sons électro urbains. Comme le montre le premier volet de la série documentaire Fonko, la révolution musicale africaine, la fusion des sons et des époques a donné naissance au kuduro et à l’azonto, deux styles qui inspirent des producteurs et des DJ américains tels que Diplo.

Le kuduro (« cul dur », en portugais) est né au milieu des années 1990 dans les bas-fonds de Luanda, la capitale angolaise. « Il vient des marginaux, des drogués et des moins-que-rien », explique la chanteuse Neneh Cherry, qui commente le documentaire. Le style subit un peu plus tard les influences de la house music et va faire le tour du monde en 2006 grâce au groupe Buraka Som Sistema, originaire de Buraka, une banlieue dure de Lisbonne dans laquelle vit une forte communauté africaine.

Le Ghana est le berceau de l’azonto. L’un des tubes de ce style musical est signé par Sister Deborah, sœur de Wanlov, célèbre chanteur local. Uncle Obama s’est propagé sur les réseaux sociaux jusqu’à être diffusé sur CNN en 2012, pendant un débat entre le président américain et Mitt Romney. Les paroles : « Uncle Obama, I like the size of your banana… » Pierre Lepidi

« Fonko, la révolution musicale africaine », de Lamin Daniel Jadama et Lars Lovén (Suède, 2014, 3 × 53 minutes). Sur Arte + 7.

Folie nuptiale au Nigeria

« Mariage à la nigériane ». | CANAL+

On connaît le Nigeria pour son pétrole. Moins sans doute pour ces fastueuses cérémonies de mariage dont on découvre dans « L’Effet papillon », le magazine de reportages de Canal+, qu’elles accueillent rarement moins de 400 invités.

Et pour l’intimité, on repassera : car de la demande en mariage jusqu’au jour « J », les futurs mariés partagent sur les réseaux sociaux tout le cheminement du plus beau jour de leur vie. Et c’est celui qui affichera le mariage le plus fou qui l’emportera. Pour cela, certains vont même jusqu’à offrir des voitures et de l’électroménager à leurs invités.

Afin de mieux comprendre le phénomène, la journaliste Nathalie Gros est allée à la rencontre de Nofeesat, jeune organisatrice de 24 ans dont elle suit les débuts à l’occasion du mariage d’Olamide et d’Anuoluwapo. Pour cet événement où sont conviés 1 600 invités, les tourtereaux ont prévu un budget de 80 000 euros, soit dix fois plus que le prix moyen d’un mariage en France. Ce business de plusieurs millions de dollars profite à l’ensemble de l’économie nigériane. Pour preuve, Taryor, tailleur de costumes à Lagos, a vu son activité prendre de l’ampleur, au point que les mariages représentent désormais 75 % de son chiffre d’affaires. Mathieu Ait Lachkar

« L’Effet papillon » : « Mariage à la nigériane », de Nathalie Gros (France, 2017, 23 minutes). Sur MyCanal.