Vince Papale, tout sourire avec l’actrice Elizabeth Banks, lors de la première du film « Invincible », en août 2006. / Evan Agostini / Getty Images/AFP

C’est l’histoire d’un professeur de lycée de 30 ans, qui n’est jamais passé par le football américain universitaire, l’antichambre obligatoire de la National Football League (NFL), et qui pourtant, à force d’abnégation, est parvenu à porter sur le tard le maillot de sa franchise favorite. Le destin très spécial de Vince Papale, qui disputa avec les Eagles de Philadelphie trois saisons de NFL, de 1976 à 1978, avant de se blesser, ne pouvait échapper aux scénaristes de Hollywood.

En 2006, Invincible, feel good movie par excellence, avec Mark Whalberg dans le rôle du footballeur à l’éclosion tardive, a rapporté 57 806 952 dollars au box-office américain et seulement… 673 876 dollars dans le reste du monde. La troisième participation des Eagles à un Super Bowl [ils se sont inclinés en 1981 et en 2005], dans la nuit de dimanche 4 février à lundi 5 février, est l’occasion idéale de retracer ce storytelling typiquement américain.

Originaire de Chester, une ville de 30 000 habitants, située à moins de trente kilomètres au sud de Philadelphie (Pennsylvanie), Vince Papale est dès son adolescence un sportif accompli. Comme nombre d’autres jeunes hommes américains, il pratique le football américain au lycée. Il est obligé de mettre de côté ses rêves lorsqu’il intègre l’université Saint-Joseph à Philadelphie, qui ne possède pas d’équipe de football. Il se rabat sur l’athlétisme, mais n’abandonne pas complètement sa passion.

A la fin de ses études, Vince Papale devient professeur au lycée d’Interboro. Il entraîne l’équipe de l’établissement, tout en jouant dans une ligue semi-professionnelle. A la création de la World Football League, une éphémère ligue professionnelle qui n’aura duré qu’un an et demi, il intègre la franchise créée à Philadelphie (Philadelphie Bell). Vince Papale a déjà 30 ans et sa vie va basculer. C’est en effet lors de la saison 1975 effectuée avec les Bell que le coach des Eagles, Dick Vermeil, le repère. Et l’invite avec d’autres de ses coéquipiers à participer à des essais, qui contrairement à la version du film, ne sont donc pas libres.

Ce point n’est d’ailleurs pas la seule entorse à la réalité du film concernant la vie de Papale. En 2016, dans un article publié sur le site des Eagles, le « héros » raconte ainsi le moment le plus important de sa vie :

« Cette occasion se présentait à moi, elle semblait m’attendre. Je pensais que je pouvais le faire. A l’époque, j’avais un abonnement aux Eagles, j’étais assis dans les gradins et je me disais : “Vous savez, si l’on me donne ma chance, je suis capable de faire comme eux.” Dieu merci, Dick m’a donné cette possibilité. Le lycée a accepté mon congé sans solde et m’a encouragé à poursuivre mon rêve. »

Dans le film, la vie de Vince Papale est maquillée d’une bonne dose d’éléments mélodramatiques, et souvent inexacts.

En 2016, toujours, Papale raconte avec brio, pas moins cinématographique, la vraie histoire, celle du jour où il a intégré l’équipe.

« Je suis venu dans les vestiaires après le sixième match de présaison. Il y avait mon nom sur un casier et il était écrit correctement. Mais je ne savais toujours pas si je faisais vraiment partie de l’équipe. Juste avant que l’entraînement ne débute, le gars que nous appelions “le Turc”, celui qui était chargé d’annoncer la mauvaise nouvelle aux gars qui n’étaient pas retenus, a marché dans ma direction. J’ai pensé qu’il venait pour moi et j’étais prêt à lui rendre mon livret de jeu quand il s’est mis à rigoler. Il s’est finalement adressé au mec à côté de moi : « Le coach veut te voir, apporte ton livret. »

Invincible Official Trailer (2006)
Durée : 02:33

Douze ans après, l’ex-Eagle assure toujours le service après-vente de Hollywood : « Dans ce film, les gens voient quelqu’un qui leur ressemble, qui avait un rêve dont tout le monde disait qu’il était impossible à réaliser. Et pourtant, d’une façon ou d’une autre, parce que cette personne a une passion et qu’il a un jour une occasion, son rêve devient réalité, prêche l’ancien footballeur, Le message est ne laissez pas les gens définir ce que vous êtes capable de faire. Entourez-vous des bonnes personnes, et si vous vous bougez, que vous travaillez dur, que vous avez la bonne attitude, vous pouvez le faire. »

Dimanche, à Minneapolis, lorsqu’ils affronteront les redoutables Patriots de Nouvelle-Angleterre, vainqueurs du Super Bowl à cinq reprises depuis 2001, les Eagles de Philadelphie pourront toujours tenter de s’inspirer de cette morale prête à l’emploi. Il n’est pas certain qu’elle suffise à renverser le quarterback vedette Tom Brady et sa bande.

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