Des Costaricains font la queue pour élire leur président, dans un bureau de vote de la capitale, San José, le 4 février. / JUAN CARLOS ULATE / REUTERS

Les Costaricains ont été nombreux dimanche 4 février à voter lors du premier tour de l’élection présidentielle, marquée par le débat sur le mariage homosexuel et sans clair favori. A 18 heures (1 heure du matin lundi heure de Paris), les 6 600 bureaux de vote du petit pays d’Amérique centrale, havre de démocratie et de stabilité politique, ont fermé à l’issue d’une journée électorale calme et ensoleillée.

Le Tribunal suprême électoral, qui a fait état d’une forte participation, doit donner de premiers résultats autour de 20 h 30 (3 h 30 lundi heure française). Si aucun des 13 candidats en lice n’atteint 40 %, ce qui semble le scénario le plus probable, un second tour sera organisé le 1er avril pour désigner le successeur du centriste Luis Guillermo Solis. Les 57 députés du Parlement monocaméral doivent aussi être choisis dimanche par les 3,3 millions d’électeurs.

Celui qui s’est détaché dans les sondages ces dernières semaines est Fabricio Alvarado, député et pasteur évangélique de 43 ans du parti Restauration nationale (évangélique), à 16,9 % d’intentions de vote. Dans la campagne, il s’est fermement opposé à l’union de personnes du même sexe, question qui a accaparé le débat politique depuis l’appel lancé le 9 janvier par la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CourIDH).

« Il faut se dresser devant ceux qui veulent écraser les valeurs de la famille », a-t-il dit lors du dernier débat de la campagne.

La CourIDH, une institution émanant de l’Organisation des Etats américains (OEA), a exhorté les pays de la région à reconnaître le mariage gay, marquant une évolution majeure en Amérique latine, où les homosexuels souffrent souvent de discrimination ou de violence.

Incertitude maximale

Bien que non contraignant, l’appel lancé par la CourIDH exerce une pression sur les législations locales.

Mais même si M. Alvarado fait la course en tête, jamais auparavant un scrutin présidentiel n’avait été aussi incertain au Costa Rica. Une enquête du Centre de recherche et études politiques (CIEP) du 31 janvier a montré que 36,5 % des électeurs ne savaient toujours pas pour qui voter, soit le double des opinions favorables au candidat évangéliste.

Juste derrière lui dans les sondages, on trouve l’ex-député Antonio Alvarez, 59 ans, du parti Libération nationale (PLN, social démocrate), avec 12,4 %. En troisième position, l’ancien ministre Carlos Alvarado (sans lien de parenté avec Fabricio), 38 ans, du parti au pouvoir Action citoyenne (PAC, centre), à 10,6 %.

Jusqu’ici, dans ce petit pays vivant de l’écotourisme et constituant un des champions mondiaux des énergies renouvelables, les préoccupations des électeurs tournaient autour de la corruption et la hausse de la criminalité, dans un climat d’essor du trafic de drogue. Des thèmes sur lesquels l’avocat pénaliste Juan Diego Castro, 62 ans, du petit parti Intégration nationale (PIN, droite), a surfé avec succès grâce à un discours sécuritaire. Mais après avoir caracolé en tête jusqu’à décembre, il a chuté à 8,6 % dans les sondages.