JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Benoît Hamon est d’humeur mordante. Pendant une conférence de presse qui a duré plus d’une heure, lundi 5 février dans un café parisien du 11e arrondissement, l’ancien candidat à la présidentielle n’a pas mâché ses mots. Profitant de la présentation de l’organigramme de son mouvement, Génération·s, né le 2 décembre 2017, il a vertement attaqué le président de la République, Emmanuel Macron, et la politique qu’il mène, « un néobonapartisme ». « Les Français ont mis fin au bail d’une classe politique qu’ils jugeaient parasitaire et inutile. La nouvelle classe politique est tout autant parasitaire. Elle met tout en œuvre pour capter l’essentiel de la richesse et la redistribuer aux plus aisés », a-t-il déclaré.

M. Hamon, qui dit ne pas s’occuper du congrès du Parti socialiste, a aussi adressé une pique à Jean-Luc Mélenchon et à La France insoumise, sans les nommer : « Il vaut mieux incarner collectivement des coopérations plutôt que de réfléchir hégémonie et compétition » entre les formations de gauche. Enfin, la dernière cartouche fut pour Manuel Valls et ses amis du Printemps républicain, que Benoît Hamon ne nomme pas non plus : « Il y a une profonde régression lorsque l’on renvoie les Français à des identités secondaires. Ceux qui font cela ne sont jamais réveillés par les injustices sociales. Ils se réunissent entre eux, bien au chaud dans des théâtres. » Une allusion à la journée organisée le 6 janvier par le Printemps républicain, en hommage aux victimes des attentats de janvier 2015, à laquelle Manuel Valls a assisté.

Direction bicéphale

Une chose est sûre : Benoît Hamon compte jouer avec Génération·s un rôle structurant dans la recomposition d’une gauche en pleine crise d’identité. Affirmant vouloir faire émerger de nouvelles têtes et de nouveaux cadres, il a nommé deux porte-parole. Son proche Ali Rabeh, adjoint au maire de Trappes (Yvelines), l’ancienne circonscription de M. Hamon. Et l’économiste Aurore Lalucq, codirectrice de l’institut Veblen. Elle travaillait, lors de la campagne présidentielle, sur la question de transition écologique.

Par ailleurs, Génération·s, qui revendique 50 000 adhérents et 700 comités locaux, a mis en place sa direction bicéphale. D’un côté, la coordination politique provisoire de trente-deux membres (où l’on retrouve plusieurs membres d’Europe Ecologie-Les Verts), élus le 2 décembre par les militants. De l’autre, le conseil des membres, trente personnes à parité tirées au sort sur 3 600 candidatures, chapeauté par Pierre Cohen (ancien maire PS de Toulouse entre 2008 et 2014) et Sandra Laugier (professeure de philosophie à Paris-I).

Organigramme de Génération·s. / DR

Le mouvement est animé par onze pôles en relation les uns avec les autres. On peut citer, entre autres, le « pôle Europe et ses fédérateur·rices » ; le « pôle développement et ses bâtisseur·se·s » ; le « pôle influence et ses tisserand·e·s » ; le « pôle idées et ses cogiteur·se·s » ; etc. Chaque pôle est piloté par un ou plusieurs responsables.

« Notre feuille de route est déclinée selon trois principes : résister, diffuser nos solutions et mener la bataille culturelle, notamment pour se débarrasser du lexique libéral et conservateur et travailler sur nos propres contenus », affirme Benoît Hamon. Génération·s devrait ainsi prendre à bras-le-corps la question des migrants et de la réforme des universités, mettre une nouvelle fois l’accent sur les questions de l’emploi et du revenu universel, mais aussi sur les thématiques environnementales.

Le programme est donc chargé. En février, un appel commun avec plusieurs mouvements et personnalités européennes − au nombre desquelles Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des finances − sera publié. En mars, une réunion de cette « troisième voie européenne » qui se veut une alternative aux conservateurs et aux souverainistes, devrait avoir lieu à Naples. En mai, Génération·s réfléchit à rebondir sur les cinquante ans de Mai 68 pour mettre en valeur « les espérances d’aujourd’hui ». En juin, enfin, devrait avoir lieu un congrès du mouvement.