LES CHOIX DE LA MATINALE

La voix chaude de Léonard Lasry, James Blake de plus en plus abstrait, un chef-d’œuvre de Francis Poulenc de retour dans une mise en scène d’Olivier Py, et un nouveau festival rap à Nanterre, sont dans notre sélection musicale hebdomadaire.

DEUX CONCERTS :

  • Daniel Humair Quartet au Théâtre 71, à Malakoff, mardi 6 février

Daniel Humair. / THEATRE71.COM

Batteur, compositeur, peintre, Daniel Humair, né à Genève en 1938, est entré en jazz vingt ans plus tard, d’abord accompagnateur des musiciens américains venant jouer en Europe, devenant l’un des plus demandés par tous les musiciens européens et américains, à la tête ou participant à des groupes d’importance (l’European Rhythm Machine du saxophoniste Phil Woods, le trio HUM avec le pianiste René Urtreger et le contrebassiste Pierre Michelot, formations avec Michel Portal, Jean-François Jenny-Clark, Martial Solal…). Attentif aussi, comme le contrebassiste Henri Texier, avec qui il a souvent joué, aux nouveaux venus du jazz et à des renouvellements par des formes orchestrales variées, certaines inhabituelles. Ainsi en est-il du quartette qui sera au Théâtre 71, à Malakoff (Hauts-de-Seine), mardi 6 février, réunissant le saxophoniste Matthieu Donarier, le violoniste Régis Huby et le contrebassiste Bruno Chevillon. Sylvain Siclier

Théâtre 71, 3 place du 11-Novembre, Malakoff (Hauts-de-Seine) Tél. : 01-55-48-91-00. Mardi 6 février, à 20 h 30. De 5 € à 27 €.

  • Léonard Lasry au Café de la danse, à Paris, jeudi 8 février

Affiche du concert de Léonard Lasry au Café de la danse. / DR

Rencontré en novembre 2017, au moment de la publication de son album Avant la première fois (29 Music/Kuroneko), le chanteur, pianiste et compositeur Léonard Lasry nous avait précisé qu’il considérait les concerts non comme un décalque de ses enregistrements, mais comme une autre manière de présenter ses chansons, la majeure partie écrite par Elisa Point. Au disque des arrangements sophistiqués, un déploiement orchestral, à la scène une approche plus dépouillée – que l’on peut entendre par endroits dans Avant la première fois. Lui au piano et au chant, en compagnie du guitariste Sébastien Adam, pour « des ponctuations, des nuages », des climats par des effets. Ils seront au Café de la danse, à Paris, jeudi 8 février. L’occasion d’aller apprécier la voix chaude de Léonard Lasry, la clarté mélodique de ses compositions et les finesses pop de son univers. S. Si.

Café de la danse, 5, passage Louis-Philippe, Paris 11e. Mo Bastille. Tél. : 01-47-00-57-59. Jeudi 8 février, à 19 h 30. 31,90 €.

DEUX VIDÉOS :

  • « Cinéma », de Malik Djoudi

Malik Djoudi - Cinema
Durée : 05:06

Repéré sur une compilation du collectif de défricheurs La Souterraine, Malik Djoudi, originaire de Poitiers, a publié l’année dernière UN, son premier album huit titres, sur le label Cinq 7. Cet auteur, compositeur et interprète âgé de 38 ans a navigué par le passé dans diverses formations rock en anglais, avant d’adopter sa langue natale en solo. Pour un virage électro pop aux influences flirtant aussi bien avec les mélodies d’un William Sheller et l’onirisme cold wave d’un Blonde Redhead. Le second single extrait de l’album, Cinéma, est un hommage au 7e art. Dans la charmante vidéo qui l’illustre, réalisée par l’acteur Clément Sibony et le photographe Marcel Hartmann, le chanteur y partage la vedette avec la comédienne Cécile de France. Le très élégant duo nous transporte dans une romance parisienne en technicolor, ponctuée de nombreux clins d’œil hitchcockiens, dont une scène finale sur les toits de la capitale qui donne le vertige. Franck Colombani

  • « If The Car Beside You Moves Ahead », de James Blake

James Blake - If The Car Beside You Moves Ahead (Official video)
Durée : 04:39

A trois semaines de son concert à l’AccorHotels Arena, à Paris, en première partie du rappeur victorieux des Grammy Awards Kendrick Lamar, le Britannique James Blake dévoile un morceau inédit, If The Car Beside You Moves Ahead. Il s’agit de sa première composition originale depuis l’album The Colour in Anything sorti en 2016, en omettant ses récentes collaborations avec Jay Rock et Mount Kimbie. Sur ce titre, le crooner de l’electronica nous plonge encore dans sa mélancolie sophistiquée teintée de gospel soul, où s’interfèrent de spectaculaires triturages vocaux.

Le vidéaste Alexander Brown, qui avait déjà réalisé le clip du single The Wilhelm Scream en 2010, met en scène une virée urbaine et nocturne en voiture, se transformant en expérience de plus en plus abstraite au contact des néons de lumière et de la vitesse, manifestement sous l’influence psychédélique de 2001 l’Odyssée de l’espace, de Kubrick. En décembre 2017, le musicien anglais remontait pourtant le temps, en diffusant sur YouTube une reprise étonnamment sobre de la chanson folk Vincent de Don McLean, dans une version recueillie au piano et à fleur de peau. F. C. 

UN OPÉRA : la reprise de « Dialogues des carmélites », de Poulenc, au Théâtre des Champs-Elysées

« Dialogues des carmélites », de Francis Poulenc, mis en scène par Olivier Py. / VINCENT PONTET

Le chef-d’œuvre présenté par Olivier Py en décembre 2013 provoquera-t-il le même choc qu’à sa création au Théâtre des Champs-Elysées ? Il n’y a pas à en douter tant le metteur en scène français a réalisé avec Dialogues des carmélites, de Francis Poulenc, l’un de ses meilleurs spectacles lyriques. La distribution, majoritairement francophone, était l’une des meilleures qui se puisse rêver. La plupart sont à nouveau sur le plateau, à commencer par Patricia Petibon, Sœur Blanche de l’Agonie du Christ d’une humanité déchirante, qui n’a jamais aussi bien porté l’entièreté de son nom. A ses côtés, la magnifique Mme Lidoine de Véronique Gens, toute de droiture et de générosité, la mère Marie assoiffée de martyre de Sophie Koch. Nouvelle venue, Sabine Devieilhe campera à n’en pas douter une Sœur Constance fine et oiseleuse, sainte naïve et profonde, comme avertie des mystères de l’autre monde. Le Chevalier de la Force de Stanislas de Barbeyrac devrait s’avérer inoubliable, de même la Madame de Croissy d’Anne Sofie von Otter.

Dans la fosse, le flamboyant Jérémie Rhorer, cette fois à la tête de l’Orchestre national de France. Peu de signes ostentatoires – la croix, l’Agneau pascal, l’enfant Jésus, dont la tête roulera au chant révolutionnaire du « Ah ! ça ira ! ça ira ! ça ira ! », le rituel très doux d’une Cène féminine. Une grande pièce vide trouée de rais de lumière, des chaises vite enlevées, des panneaux coulissants ouvrant sur un jardin d’hiver aux arbres dépouillés de feuilles et d’oiseaux pour une longue altercation du doute et de la foi déroulée dans un dénuement ardent et monacal. Marie-Aude Roux

Théâtre des Champs-Elysées, 15 avenue Montaigne, Paris 8e. Mo Alma-Marceau. Du 7 au 16 février. Tél. : 01-49-52-50-50. De 5 € à 145 €.

À RÉSERVER : Paris Summer Jam, à la U Arena, à Nanterre, le 24 août

Affiche du festival Paris Summer Jam. / DR

Annoncée mercredi 31 janvier, la première édition de Paris Summer Jam, festival pour amateurs de R’n’B et de rap, aura lieu à la U Arena de Nanterre (Hauts-de-Seine), vendredi 24 août, à partir de 16 heures. Les places viennent d’être mises en vente avec en tête d’affiche Kendrick Lamar, qui aura déjà rempli deux fois l’AccorHotels Arena, à Paris, les 25 et 26 février, le groupe N.E.R.D (Pharrell Williams, Chad Hugo et Shay Haley) et IAM, programmé dans plusieurs festivals d’été. D’autres formations sont prévues, mais ne sont, pour l’heure, pas encore connues. S. Si.

U Arena, 99 Jardins de l’Arche, Nanterre (Hauts-de-Seine). De 50,50 € à 99,40 €.