Patrouille policière dans les rues de Malé, la capitale des Maldives, mardi 5 février. / Mohamed Sharuhaan / AP

Le président des Maldives, Abdulla Yameen, a décrété, lundi 5 février, l’état d’urgence pour une durée de quinze jours, a annoncé son adjoint. Une décision qui approfondit encore la crise politique que connaît cet archipel de l’océan Indien.

Le déclenchement de l’état d’urgence vient renforcer les pouvoirs déjà très vastes des forces de sécurité pour arrêter et maintenir en détention des suspects. Il intervient alors que la Cour suprême et le gouvernement sont dans un rapport de force tendu.

Jeudi, la Cour suprême a, en effet, cassé les condamnations pour « terrorisme, corruption, détournement de fonds et trahison » en 2015 de neuf opposants, dont celle de l’ancien président Mohamed Nasheed, qui vit en exil au Royaume-Uni. Mais le président des Maldives a refusé pour autant de libérer les prisonniers et a mis en garde contre toute tentative de destitution ou d’arrestation le concernant.

Assemblée législative suspendue

Un bras de fer entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire qui intervient alors même que l’assemblée législative du pays a été suspendue pour une durée indéterminée par les autorités. Une autre décision de la Cour suprême délivrée, jeudi, aurait, en effet, dû conduire à la réintégration de douze députés démis de leurs mandats pour avoir fait défection du parti de M. Yameen.

Cette décision permet théoriquement à l’opposition de retrouver la majorité absolue au Majlis, le Parlement de l’archipel qui compte 85 sièges, et lui donnerait le pouvoir de renverser le gouvernement et le président. Ce qu’a exclu, de fait, le chef de l’Etat.

La répression menée contre l’opposition par le président Yameen ces dernières années a terni l’image paradisiaque de ce petit archipel comptant un peu plus de 400 000 habitants, haut lieu du tourisme de luxe. Abdulla Yameen avait déjà décrété un état d’urgence en novembre 2015, après une tentative d’assassinat présumée le visant.