Cela s’annonçait déjà comme la plus grosse OPA de l’histoire du secteur des technologies. Le fabricant de puces électroniques Broadcom a rehaussé, lundi 5 février, son offre publique de rachat sur le fondeur de circuits électroniques Qualcomm de 103 à 121 milliards de dollars, soit environ 97 milliards d’euros, hors reprise de dette.

En novembre 2017, Qualcomm avait refusé une première offre de Broadcom. Les actionnaires de Qualcomm avaient alors fait savoir que la somme proposée leur paraissait sous-évaluée.

Entre-temps, Qualcomm a subi plusieurs déconvenues. Le 24 janvier, l’Union européenne lui a infligé une amende d’environ un milliard d’euros pour abus de position dominante, un montant avoisinant 5 % du chiffre d’affaires 2017 de Broadcom. Cette condamnation faisait suite à une amende de 773 millions de dollars infligée par Taïwan pour un motif similaire en octobre 2017. En outre, Qualcomm est engagé dans un conflit juridique complexe avec Apple, l’un de ses principaux clients, tournant autour de questions de propriété intellectuelle.

En jeu, une place de numéro trois des semi-conducteurs

Broadcom propose à Qualcomm un prix d’achat par action de 82 dollars, dont 60 dollars en liquidités et 22 dollars en actions. La valeur totale du rachat équivaudrait presque au double du montant d’acquisition de l’entreprise de stockage informatique EMC par le fabricant Dell en 2016, précédent record historique du secteur des technologies, avec une somme de 67 milliards de dollars.

S’il parvenait à ses fins, Broadcom deviendrait le numéro trois mondial des semi-conducteurs, derrière Intel et Samsung. Avant l’ouverture des marchés américains, les premiers échanges hors Bourse laissent deviner une nette appréciation de l’action Qualcomm et une chute du titre de Broadcom.

Les deux entreprises sont américaines, mais Broadcom est la seule à n’avoir pas installé son siège aux Etats-Unis mais à Singapour. A elles deux, Broadcom et Qualcomm fournissent un large éventail de puces destinées aux smartphones. Leur catalogue de produits est partiellement complémentaire. Si la transaction aboutissait, la vente serait probablement décortiquée par les autorités antitrust américaines.