Angela Merkel arrive au siège du SPD dans le cadre des négociations sur un accord de coalition, le 4 février à Berlin. / TOBIAS SCHWARZ / AFP

Enfin. Plus de quatre mois après les élections législatives du 24 septembre 2017, les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates (SPD) allemands pourraient achever, lundi 5 février, la rédaction d’un « contrat de coalition ». Ils avaient initialement prévu de le sceller dimanche soir. Par précaution, des chambres d’hôtels ont été réservées jusqu’à mardi à Berlin pour les négociateurs, au cas où les discussions ne seraient pas terminées lundi soir. « On ne peut pas prédire le temps que ça va prendre, il reste des points importants à régler », a prudemment reconnu, dimanche, la chancelière Angela Merkel, présidente de la CDU.

Au menu de ces ultimes tractations, qui doivent reprendre lundi à 10 heures : l’encadrement des contrats de travail à durée déterminée (CDD) et la réforme du système de santé, deux points sur lesquels les partenaires peinent à s’entendre mais sur lesquels les sociaux-démocrates ont promis qu’ils se montreraient particulièrement fermes vis-à-vis des conservateurs.

Pour le SPD, l’enjeu est en effet de taille. Contrairement à ce qui avait été le cas en 2013, quand ils avaient obtenu des conservateurs l’introduction du salaire minimum dans le contrat de coalition, les sociaux-démocrates ne peuvent pas, pour l’instant, se prévaloir d’avoir arraché une grande réforme emblématique. Au contraire : par exemple, sur la très symbolique question du regroupement familial pour les réfugiés, qui a fait l’objet de vifs débats la semaine dernière, le compromis qui a été trouvé correspond largement à ce que réclamaient les conservateurs.

Or Martin Schulz, le président du SPD, doit absolument convaincre sa base qu’il a obtenu des concessions significatives de la part de la CDU-CSU : les 440 000 adhérents du parti devront dire, dans les prochaines semaines, s’ils approuvent ou non l’accord trouvé entre les partenaires. Un vote dont l’issue est très incertaine, comme le laisse présager le déroulement du congrès du SPD, à Bonn, le 21 janvier : ce jour-là, à la question de savoir s’ils acceptaient de négocier la rédaction d’un contrat de coalition avec la CDU-CSU, seuls 56 % des 600 délégués du parti avaient répondu « oui ».

Les mauvais sondages du SPD

L’accord qui devrait être trouvé dans les prochaines heures ne signifie donc pas la fin de l’interminable feuilleton politique qui a commencé au soir des législatives. Une fois celui-ci rendu public commencera en effet une intense campagne interne au SPD entre partisans et opposants d’une « grande coalition », ces derniers étant emmenés en particulier par Kevin Kühnert, le président des « Jusos » (jeunes socialistes), le leader des « anti GroKo ».

Si le SPD approuve l’accord, un nouveau gouvernement pourrait être constitué au mois de mars, sous la direction d’Angela Merkel. S’il s’y oppose, deux possibilités sont envisageables : la formation d’un gouvernement minoritaire, avec uniquement des ministres conservateurs en son sein, ou la tenue de nouvelles élections, ce qui serait une première en Allemagne.

Cette perspective d’un nouveau scrutin législatif est d’ailleurs ce qui pourrait inciter une partie des adhérents du SPD à approuver, malgré leurs réticences, l’entrée de leur parti au gouvernement : dans les plus récents sondages, les sociaux-démocrates ne sont en effet crédités que de 18 % à 20 % des intentions de vote, soit encore moins que les 20,5 % qu’ils ont obtenus aux législatives du 24 septembre 2017, leur plus mauvais résultat depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En cas de nouvelles élections, l’extrême droite pourrait à l’inverse se renforcer : dans les sondages le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 13 % à 14 % des voix. En septembre 2017, il avait obtenu 12,6 % des suffrages exprimés.