Série sur TF1 à 21 heures

La visite de l’hôpital – scène inaugurale de la nouvelle série de TF1, Les Bracelets rouges – est assurée en voix off. Celle de Côme, 8 ans et demi, dans le coma depuis huit mois : « Hôpital Léonard-de-Vinci à Arcachon. Cinq étages, quatre sections, dont une aile réservée aux enfants malades. » Cette aile, précisément, que nous ne quitterons pas durant six épisodes, accueille, ce jour-là, le jeune Thomas (Audran Cattin), atteint d’une tumeur cancéreuse à la jambe gauche, dont l’amputation est prévue pour le lendemain.

Accompagné de sa future belle-mère, Aurore (Camille Lou), l’adolescent, dont le père renâcle à venir le voir, fait la connaissance de son compagnon de chambre, Clément (Tom Rivoire), atteint de la même maladie, déjà amputé, présent dans l’établissement depuis neuf mois, un moral d’acier et un humour salvateur.

Plus tard, Thomas rencontrera la jolie Roxane (Louna Espinosa), anorexique, hospitalisée depuis cinq semaines ; Medhi (Azize Diabaté Abdoulaye), fracturé de partout après un accident de moto, bon gosse à grande gueule ; Sarah (Esther Valding), petite peste arrogante, peu concernée par ce monde d’« éclopés cancéreux » puisque, à la suite d’un malaise, elle ne fait qu’attendre des résultats d’examens.

Azize Diabaté Abdoulaye et Michaël Youn dans « Les Bracelets rouges », de Nicolas Cuche. / AURÉLIEN FAIDY/VEMA PRODUCTION/TF1

Et puis, dans cet hôpital, il y a Côme, endormi depuis presque un an, « une institution », dit Clément, que sa mère vient voir tous les jours, auprès duquel les jeunes patients se réfugient, pour parler ou se confier, et dont la voix off nous accompagne durant les six épisodes. A Léonard-de-Vinci passent aussi les parents, malheureux, maladroits, solides, désemparés, culpabilisants, absents ou trop présents. Et médecins, psychologues, aides-soignants, rééducateurs… capables d’opposer leur force au tsunami qui menace d’emporter, à tout instant, les malades et leurs proches.

Dans cette mini-société où les rituels quotidiens sont autant de repères apportés à des jeunes qui, soumis à l’impensable, n’en ont plus guère s’organise une autre vie, en marge de l’extérieur. Et pour autant, malgré l’enfermement, la souffrance et le désespoir qui l’emportent parfois, subsistent les sentiments, les amitiés et les amours – ces liens qui nourrissent l’envie de s’accrocher. C’est cet élan, ou cette lumière, appelons-le comme on veut, que transmettent aux téléspectateurs Les Bracelets rouges, adaptation de la série catalane Polseres Vermelles, dont, fort heureusement, la version française a conservé l’esprit, loin du larmoyant.

En équilibre sur la ligne de crête

Car un tel sujet est du genre à faire glisser n’importe quel scénariste, réalisateur ou acteur sur une mauvaise pente. Or, il n’en est rien. Jamais, dans cette série, l’émotion ne cède le pas au pathos, pas plus que la légèreté, à l’effet empathique forcé. Cette prouesse relève d’un travail collectif, d’une responsabilité à laquelle chacun a répondu avec un égal talent. En premier lieu, les jeunes comédiens qui nous embarquent par une présence dont le jeu semble absent. Mais aussi les autres, tous ceux qui tiennent le rôle des parents (Michaël Youn, Cristiana Reali, Guy Lecluyse, Cécile Rebboah, Pascal Elbé) et des soignants (Lionel Abelanski, Jean-François Cayrey…), bouleversants à ne point trop en faire. En équilibre sur la ligne de crête. Comme le sont le scénario de Marie Roussin et la réalisation de Nicolas Cuche.

Les Bracelets rouges, de Nicolas Cuche. Avec Audran Cattin, Tom Rivoire, Esther Valding, Azize Diabaté Abdoulaye (Fr., 2017, 6 × 52 min).