Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, dépose une couronne et allume un cierge au musée de la famille Ulma, dont huit membres, parmi lesquels six enfants, furent abattus par des Allemands en 1944, ainsi que les huit juifs qu’ils cachaient. / AGENCJA GAZETA / REUTERS

Le chef de la diplomatie polonaise, Jacek Czaputowicz, estime que la réaction d’Israël à la loi polonaise controversée sur la Shoah est due à « un malentendu ».

Lundi 5 février, M. Czaputowicz, à la radio polonaise publique PR3, a exclu la possibilité de poursuivre des survivants de la Shoah qui évoqueraient des persécutions de la part de Polonais. « Selon la loi polonaise et le système juridique, cela est impossible. Nous voulons partager ces connaissances avec nos partenaires israéliens », a-t-il ajouté. « C’est un problème d’interprétation, de surinterprétation » par la partie israélienne, a-t-il encore dit.

Aux yeux des conservateurs polonais, la loi doit rendre impossible l’attribution à « l’Etat ou à la nation polonaises » de crimes nazis et empêcher l’utilisation de l’expression erronée de « camps de la mort polonais » à propos de ceux installés par les nazis allemands en Pologne occupée. En vertu du texte voté par les deux chambres du Parlement, enfreindre ces nouvelles règles pourrait même rendre passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans.

Les responsables israéliens s’émeuvent surtout d’un passage de la loi dans lequel ils voient une tentative de nier la participation de certains Polonais à l’extermination des juifs. Le texte a également fait l’objet de sérieux avertissements ou inquiétudes de Washington et de Kiev, ainsi que de nombreuses organisations juives et du Conseil international d’Auschwitz.

Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, s’est rendu vendredi à Markowa, au musée de la famille Ulma, dont huit membres, parmi lesquels six enfants, furent abattus par des Allemands dans la nuit du 23 au 24 mars 1944, ainsi que les huit juifs qu’ils cachaient. « Tous les crimes commis entre 1939 et 1945 [époque de l’occupation nazie] sont de la responsabilité des Allemands, et après 1945, jusqu’à la fin du communisme, c’était la responsabilité des communistes et de la Russie soviétique », a-t-il dit.

Berlin rappelle la responsabilité allemande

Ce week-end, le ministre des affaires étrangères allemand, Sigmar Gabriel, a déclaré qu’il n’y avait « pas le moindre doute sur la question de savoir qui est responsable des camps d’extermination, qui les a fait fonctionner pour tuer des millions de juifs européens : à savoir les Allemands ».

Dimanche, lors d’une émission de Radio J, le commissaire européen Pierre Moscovici a dit espérer que le président polonais Andrzej Duda « aurait la sagesse » de « ne pas promulguer » la loi. Selon la loi polonaise, le chef de l’Etat dispose d’un délai de vingt et un jours pour décider de promulguer une loi, d’y mettre son veto ou de saisir le Tribunal constitutionnel.