YouTube va signaler les contenus financés par des Etats, sous les vidéos. / YouTube

Depuis quelques jours circulait sur les réseaux sociaux une capture d’écran. Dessus, une vidéo postée sur YouTube par la chaîne RT. Entre le contenu et son titre, figurait la mention « RT est financé en partie ou en totalité par le gouvernement russe ». La plate-forme a finalement admis vendredi 2 février qu’il s’agissait bien d’une nouvelle fonctionnalité, destinée à garantir plus de « transparence » pour les utilisateurs.

« On ne s’attend pas à ce que ce soit parfait »

« L’un des grands objectifs de 2018 est pour nous d’assurer une meilleure transparence à notre communauté de créateurs, aux annonceurs et à ceux qui regardent les vidéos », a expliqué YouTube dans une note de blog.

Pour « faire un premier pas dans cette direction » , le site signalera les contenus publiés par des chaînes de médias qui reçoivent des financements de la part d’un gouvernement ou d’un organisme public. L’indication sera disponible sous les vidéos, et comprendra à chaque fois « un lien vers Wikipédia » pour que les utilisateurs puissent en apprendre davantage sur l’organe de presse concerné.

« On ne s’attend pas à ce que [ce] soit parfait, a admis YouTube. Nous avons pour objectif de l’améliorer et de l’étendre à terme. » Pour l’heure, le dispositif est uniquement disponible aux Etats-Unis.

Des vidéos conspirationnistes valorisées

En 2017, YouTube avait pris plusieurs mesures visant à donner plus de place aux médias. La plate-forme avait lancé l’onglet « Breaking News » (« actualités » en français) sur les pages d’accueil, et l’onglet « Top news ». Dans le premier, sont sélectionnés des contenus d’actualité recommandés par YouTube. Le second apparaît lors d’une recherche sur le site, et permet de ne voir que des vidéos publiées par des médias.

Il avait été la cible de critiques, notamment après une enquête du Wall Street Journal publiée en octobre. Cette dernière montrait que des vidéos conspirationnistes ou de désinformation apparaissent parmi les premières « Top news » proposées par la plate-forme, en cherchant « Las Vegas shooting » (« tuerie de Las Vegas ») ou « 9/11 » (11 Septembre). Les contenus étaient vieux pour certains de dix ans, et comptabilisaient plusieurs dizaines de millions de vues. En réaction à ces révélations, la plate-forme avait modifié son algorithme.

Le 2 février toutefois, un journaliste du Guardian expliquait que YouTube continuait de proposer aux internautes, dans les vidéos suggérées, une flopée de fausses informations parfois conspirationnistes autour de l’actualité politique. Dans l’article, Guillaume Chaslot, un ingénieur français qui a travaillé sur ce système, reconnaissait que « l’algorithme de recommandation [de YouTube] n’[était] pas optimisé pour ce qui est vrai, équilibré ou sain pour la démocratie ».