Bobigny, 11 janvier 2016. Cour d'assises. / Marc CHAUMEIL/divergence

Interpellée au Sénat, Nicole Belloubet a promis, mardi 6 février, la création de dix postes de magistrat dans l’année pour renforcer les moyens du tribunal de Bobigny, après le cri d’alarme récent de la procureure de la préfecture de Seine-Saint-Denis.

« Sur Bobigny, nous allons renforcer les magistrats du siège. Ils passeront de 131 à 137. Nous allons également renforcer les effectifs du parquet, qui passeront de 53 à 57, et qui, si le président du tribunal en fait la proposition, permettront l’ouverture d’une deuxième chambre de comparution immédiate. »

La ministre de la justice a promis que « les effectifs des fonctionnaires seront pérennisés, ce qui donnera réellement les moyens à cette deuxième chambre de comparution immédiate de fonctionner ».

La procureure dénonce une « dégradation de la réponse pénale »

Mme Belloubet avait été interpellée par le sénateur centriste Vincent Capo-Canellas sur le manque de moyens des parquets, après « l’appel au secours » de Fabienne Klein-Donati, la procureure de Bobigny. Lors de l’audience solennelle de rentrée, le 29 janvier, Mme Klein-Donati a appelé à « prendre des mesures exceptionnelles pour un département exceptionnel », relevant que, dans le deuxième tribunal de France, « 418 dossiers d’instruction stagnent dans les rayons, sans réelle perspective ni à court terme ni à moyen terme ».

Elle déplorait une « dégradation de la réponse pénale » : « faute de ces moyens, le parquet est contraint quotidiennement de dégrader la réponse ou de la différer. » « Quand le taux national de poursuites est de 50 % des affaires poursuivables, il est de 31 % ici. » « Quand le taux des mesures alternatives est de 43 % au niveau national, il frise 50 % ici », détaillait-elle.

« La nature de la réponse renvoie un message peu audible aux victimes, peu audible aux enquêteurs (…) et, par contre, très audible des délinquants », affirmait-elle, expliquant que « sans la création d’un nombre d’audiences supplémentaires suffisant, aucune amélioration notable n’est à espérer ».

Elle estimait notamment que la « juridiction devrait avoir deux audiences de comparutions immédiates par jour », « devrait pouvoir doubler le nombre quotidien de CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ou « plaider coupable ») et ajouter une chambre correctionnelle ».