Les commissaires européens à l’euro, Valdis Dombrovskis, aux affaires économiques et financières, fiscalité et douanes, Pierre Moscovici, et à l’emploi, aux affaires sociales, aux compétences et à la mobilité des travailleurs, Marianne Thyssen, le 22 novembre 2017, à Bruxelles. / EMMANUEL DUNAND / AFP

L’optimisme s’installe dans la zone euro, du moins sur le front économique. La Commission continue, comme depuis plusieurs trimestres, à revoir ses prévisions à la hausse. C’est le cas pour son exercice « d’hiver », publié mercredi 7 février, à Bruxelles. Pour 2017, l’institution prévoit une croissance du produit intérieur brut (PIB) record, de 2,4 % pour la zone euro et l’Union européenne (UE), la plus forte jamais enregistrée depuis dix ans.

En 2018, la hausse du PIB de la zone euro devrait atteindre 2,3 %, contre 2,1 % anticipés en novembre 2017, lors des prévisions d’automne de Bruxelles. Pour 2019, la croissance devrait se maintenir à 2 % en zone euro, contre 1,9 % anticipés fin 2017. Et, sur l’ensemble de l’UE, la Commission tombe exactement sur les mêmes chiffres : une progression du PIB de 2,3 % en 2018 et de 2 % en 2019.

Grâce à une consommation intérieure dynamique, et à la reprise de l’activité et du commerce mondiaux, le niveau de chômage a continué de baisser dans la zone euro et dans l’Union. Même si l’euro a gagné environ 7 % par rapport au dollar depuis novembre 2017, aucun ralentissement n’a encore été décelé. Et la persistance des taux bas a soutenu l’investissement.

La hausse du PIB français prévue à 2 % en 2018 et à 1,8 % en 2019

Dans certains pays, les niveaux de croissance battent des records : +  5,6 % pour le PIB de Malte en 2018, + 4,4 % pour l’Irlande, + 4,2 % pour la Slovénie ou + 4 % pour la Slovaquie… La crise de 2008 semble déjà très loin. A tel point que Bruxelles a décidé de ne plus publier que deux fois l’an – au printemps et à l’automne – les prévisions exhaustives, incluant les niveaux de déficit et de dette publique.

Et, de fait : seules l’Espagne et la France restaient classées dans la catégorie des pays à déficits publics excessifs fin 2017, avec bon espoir, pour les deux, d’en sortir définitivement en 2018 (il faut pour cela afficher deux années d’affilée de déficit dans le respect du pacte de stabilité et de croissance). Pour rappel : en novembre 2017, la Commission anticipait que le déficit moyen rapporté au PIB dans la zone euro chuterait à 0,9 % en 2018.

La progression du PIB français est attendue à 2 % en 2018 et à 1,8 % en 2019, un ralentissement de la croissance lié à la saturation des moyens de production, relève Bruxelles. En mars, la Commission évaluera les réformes structurelles mises en place dans les pays, dans le cadre de sa procédure de déséquilibres macroéconomiques. Ce sera une première occasion pour Bruxelles d’évaluer l’incidence du volontarisme réformateur du président Emmanuel Macron.

Mettre à profit cette période faste pour réformer

Mais ce n’est que fin mai qu’elle statuera sur le déficit public hexagonal 2017. L’objectif de Paris et de Bruxelles se situait initialement à 2,9 % du PIB, mais pourrait n’atteindre que 2,7 %, en raison des révisions à la hausse de la croissance. Reste l’inconnue Eurostat : l’institut européen de statistiques doit rendre, fin avril, un avis sur la manière de comptabiliser les 10 milliards d’euros de la taxe sur les dividendes des entreprises, une disposition de 2012 que le Conseil constitutionnel a invalidée à l’automne 2017. Si l’institut impute l’intégralité de l’annulation de cette taxe aux comptes de la Nation pour 2017, cela alourdira son déficit de 0,5 % du PIB, et maintiendra la France au-dessus du plafond des 3 …

Se félicitant des bons chiffres européens, les commissaires à l’euro, Valdis Dombrovskis, et aux affaires économiques et financières, fiscalité et douanes, Pierre Moscovici, devraient de nouveau rappeler, mercredi 7 février, qu’il faut mettre à profit cette période faste pour réformer la zone euro. « Cette fenêtre d’opportunité ne restera pas ouverte éternellement », a souligné M. Moscovici.

Les difficultés, en Allemagne, à mettre une grande coalition sur les rails ont fait perdre au moins deux mois à la discussion d’un programme de réformes commun entre Paris et Berlin. Désormais, Bercy ne parle pas d’une « position franco-allemande » sur un éventuel budget de la zone euro et/ou un fonds monétaire européen avant « entre mars et juin ».