Les autorités guinéennes et la communauté internationale appelaient au calme, mercredi 7 février, après des violences meurtrières à la suite des élections locales, les premières depuis la fin des régimes autoritaires qui ont dirigé le pays pendant plus de cinquante ans.

Cinq enfants ont péri mardi, deux jours après le vote, dans un incendie volontaire au cours de violences à Kalinko, dans la préfecture de Dinguiraye (centre), a annoncé le ministre de l’administration du territoire, Boureima Condé. Lors de ces heurts, des cases et des maisons ont été incendiées et « cinq nourrissons guinéens ont péri dans les flammes », a affirmé le ministre au cours du journal télévisé, mardi soir, sans préciser leur âge ni leur identité.

Par ailleurs, un étudiant de 23 ans, Mamadou Diakouane Diallo, blessé par balle mardi dans la banlieue de Conakry avec deux autres personnes, a succombé à l’hôpital dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué sa famille à l’AFP. Ils ont été atteints par une rafale alors qu’ils prenaient le thé avec des amis devant leur domicile, a affirmé Safaïou Diallo, frère aîné du défunt.

Lundi à Kindia (ouest), des violences ont fait un mort lorsque les forces de l’ordre ont tenté d’éloigner les militants de l’opposition qui entouraient un centre de comptage des votes de la ville, selon la gendarmerie et des témoins.

Le calme était revenu mercredi matin à Conakry, où des manifestants de l’opposition avaient bloqué la circulation dans plusieurs quartiers de la banlieue, la veille, pour exiger la publication des résultats dans la capitale, accusant le pouvoir de vouloir les modifier en sa faveur.

« Des hold-up électoraux »

Dans un communiqué publié mercredi, le représentant pour l’Afrique de l’Ouest du secrétaire général de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas, « regrette les récentes violences qui ont occasionné des pertes en vies humaines », sans autre indication. Il « salue le bon déroulement du scrutin », reconnaissant néanmoins « des imperfections notées ça et là », et exhorte « tous les acteurs à la sérénité et à éviter tout acte de violence afin de permettre aux institutions chargées du processus électoral de poursuivre leur travail dans la sérénité ».

Les précédents scrutins en Guinée, les présidentielles de 2010 et 2015 et les législatives de 2013, ont été émaillés de violences et d’accusations de fraude. Le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a affirmé mardi soir qu’il n’était plus question de « continuer à accepter les hold-up électoraux », lors d’une visite à l’un de ses candidats en banlieue de Conakry. « Il faut que la jeunesse de Guinée se lève pour exiger la vérité des urnes », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat avait lui aussi appelé dimanche ses partisans à « rester mobilisés pour refuser la fraude » après avoir voté. « Nous ne souhaitons pas la fraude et si cela arrivait, il faudra qu’on résiste comme on l’a toujours fait », a déclaré Alpha Condé. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), seule habilitée à proclamer les résultats, a promis de les publier d’ici à la fin de la semaine.

Le ministre de l’administration du territoire a regretté les violences et déploré que « des candidats s’autoproclament vainqueurs des élections, niant les efforts du dialogue politique interguinéen, niant les efforts et les bonnes volontés de certains opposants, niant les efforts du président de la République ». « J’en appelle au ressaisissement, j’en appelle à la retenue, j’en appelle au sens civique des uns et des autres », a-t-il dit.