Pourquoi la Macédoine essaie-t-elle de changer de nom ?
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Ne l’appelez (bientôt) plus Macédoine. Le pays s’est dit prêt, mardi 6 février, à adjoindre à son nom un adjectif géographique, pour mettre un terme à un conflit vieux d’un quart de siècle avec la Grèce, a confirmé son premier ministre, Zoran Zaev.

« Je veux que le processus de négociation réussisse, nous sommes d’accord pour une désignation géographique. Je n’en dirai pas plus, car c’est une question sensible. »

Aussitôt cette phrase prononcée, la presse locale a commencé à évoquer les hypothèses de travail qui pourraient désigner le pays à l’avenir. « Haute-Macédoine », « Macédoine du Nord », « Macédoine-Skopje » ou encore « Nouvelle-Macédoine » sont notamment évoqués.

Ces déclarations politiques interviennent deux jours après une manifestation d’ampleur à Athènes d’opposants à tout accord avec la Macédoine sur l’épineux sujet du gentilé de ses habitants. Des centaines de milliers de Grecs ont défilé dans les rues de la capitale grecque pour dénoncer toute utilisation du mot « Macédoine » dans le cadre d’un compromis, y voyant là une revendication sous-jacente de la région grecque homonyme.

Ambitions territoriales

Depuis vingt-cinq ans, cette querelle mine les relations entre les deux pays et bloque le processus d’accession à l’Union européenne ou à l’OTAN du petit pays des Balkans. Indépendante depuis 1991, la Macédoine a rejoint les Nations unies en 1993 sous l’appellation provisoire d’« Ancienne République yougoslave de Macédoine » (ARYM).

La Grèce refuse, en effet, que le petit pays des Balkans adopte le nom de Macédoine, le même que celui de la région de Thessalonique et de l’ancien royaume d’Alexandre le Grand. Derrière ce conflit, Athènes accuse Skopje d’entretenir des ambitions territoriales sur sa province éponyme de Macédoine.

« Autoroute de l’Amitié »

Pour trouver un compromis, les gouvernements d’Athènes et de Skopje ont décidé de relancer des négociations, cette année, sous l’égide des Nations unies. Pour désigner l’ancienne république yougoslave, le gouvernement grec d’Alexis Tsipras a proposé un nom composé, comme Macédoine du Nord, mais les sondages montrent qu’une majorité de Grecs s’opposent à l’utilisation du mot « Macédoine » dans une quelconque combinaison.

De son côté, le premier ministre de Macédoine, Zoran Zaev, a donné d’autres gages de sa bonne volonté. Il a ainsi confirmé que l’aéroport du pays ne s’appellerait plus « Alexandre-Le-Grand », mais deviendrait l’« aéroport international de Skopje ». Egalement baptisée du nom du roi antique, l’autoroute qui traverse le pays du nord au sud, jusqu’à la Grèce, est devenue l’« autoroute de l’Amitié ».

Des sujets de tensions très importantes dans la région, alors que Grecs et Macédoniens se disputent l’héritage d’Alexandre Le Grand et de son père Philippe. La manifestation de dimanche à Athènes était en grande partie organisée et financée par des groupes de la diaspora grecque, des associations de militaires à la retraite, des groupes religieux et des associations culturelles de la Macédoine grecque.