Les associations de prévention contre l’alcool sont en colère. Elles dénoncent le fait que l’Elysée aurait cédé aux demandes des viticulteurs. Cette filière « se félicite aujourd’hui d’avoir eu gain de cause et même au-delà », explique l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), dans un communiqué commun publié le 2 février.

C’est une phrase de Jean-Marie Barillère, le président du Comité national des interprofessions des vins, qui a mis le feu aux poudres. Cité par le site Vitisphère, il se réjouissait d’un courrier du président de la République qui « répond à nos attentes. Il sépare bien les consommations excessives et raisonnables et nous propose de participer à une politique de prévention ». Autrement dit, la profession viticole aurait réussi à ce que le vin soit traité comme un alcool « à part ».

Un programme annoncé fin mars

La filière n’avait pas apprécié que la Stratégie nationale de santé 2018-2022, validée en décembre 2017, inclut l’alcool – et donc le vin – comme « substance psychoactive licite ou illicite », au même titre que le tabac. Après la publication de ces grandes lignes, un programme national de santé publique, qui couvre la prévention, devra être annoncé fin mars. Alors que l’alcool est à l’origine de près de 50 000 décès prématurés par an, le milieu de la santé alerte sur le « danger de faire des producteurs d’alcool des acteurs de la prévention ».

Les viticulteurs auraient eu gain de cause à la suite d’un rendez-vous avec Audrey Bourolleau, conseillère agriculture de l’Elysée, avancent les associations. La nomination en mai 2017 de l’ex-déléguée générale de Vin et société, chargé de défendre les intérêts de la filière viticole, avait déjà inquiété les addictologues. Interrogé lundi 5 février sur France 5, Jean-Pierre Couteron, le président de la Fédération addiction, s’est dit « choqué » de découvrir ces discussions sur Twitter, alors qu’eux-mêmes n’ont pas été reçus.

Au ministère de la santé, on rappelle que, pour Agnès Buzyn, « toute consommation d’alcool comporte des risques », avec une attention particulière sur les plus jeunes et les femmes enceintes. Du côté de l’Elysée, on indique que les acteurs de la santé seront aussi consultés, « personne n’ayant le monopole de la prévention ». Affaire à suivre.