Manifestations devant la Sorbonne, jeudi 1er février, contre la loi réformant l’accès à l’université, en discussion au Sénat jeudi 8 février. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Le Sénat a commencé, mercredi 7 février, l’examen du projet de loi sur l’« orientation et réussite des étudiants » réformant l’accès à l’université. La Haute Assemblée, où la droite est majoritaire, a ajouté au texte de nouveaux critères afin d’officialiser et de renforcer la sélection.

Un amendement du rapporteur Jacques Grosperrin (Les Républicains, LR), adopté en commission, prévoit ainsi de définir les capacités d’accueil de chaque licence en fonction du taux de réussite et de l’insertion professionnelle. « Ce ne sont pas les vœux des candidats qui doivent guider les choix d’ouvertures de places dans les filières de l’enseignement supérieur, mais les débouchés professionnels réels qui s’offrent aux diplômés », a argué l’élu du Doubs. « La sélection est une chance, a-t-il dit. Elle représente une solution juste et égalitaire, profondément républicaine, gage de réussite pour les étudiants. »

Le Sénat doit se prononcer jeudi sur ce texte en séance plénière, une fois examinés les quelque 200 amendements déposés. La procédure d’urgence ayant été choisie, le projet de loi fera ensuite l’objet d’une commission mixte paritaire (CMP), la semaine prochaine, chargée de trouver une version commune avec l’Assemblée nationale. En cas de désaccord, les députés auront cependant le dernier mot.

« Mesure de bon sens »

Colette Mélot (Les Indépendants) a qualifié de « mesure de bon sens » la proposition de M. Grosperrin, tandis que pour Laurent Lafon (Union centriste, UC) « le taux d’échec à l’université illustre les défauts qui subsistent dans notre système d’orientation ». Au contraire, l’opposition de gauche critique le texte. Pour Pierre Ouzoulias (Communiste républicain citoyen et écologiste – CRCE –, à majorité communiste), c’est l’ensemble du projet de loi qui « termine de légaliser la sélection à l’entrée de l’université » et qu’il faut combattre. « Le gouvernement fait le choix de restreindre l’accès à l’université en maintenant l’enseignement supérieur dans un état budgétaire critique, plutôt que de mener une politique ambitieuse de réinvestissement dans l’enseignement supérieur », a-t-il accusé.

Les sénateurs CRCE ont déposé lundi un recours en référé auprès du Conseil d’Etat pour obtenir la suspension de l’arrêté mettant en place Parcoursup. Il s’agissait de « contraindre le gouvernement à respecter les droits du Sénat et pour réaffirmer son attachement au libre accès des bacheliers à l’enseignement supérieur qui est une des composantes majeures du pacte républicain », avait-il expliqué.

« Nous sommes opposés à toute idée de sélection, qu’elle soit sauvage, institutionnelle ou déguisée », a rappelé, de son côté, Sylvie Robert (Parti socialiste, PS). « Nous ne pouvons qu’approuver le dispositif d’accompagnement et les parcours individualisés mis en place, a-t-elle dit. Mais les mesures d’accompagnement nécessitent des moyens financiers. »