Angela Merkel, à Berlin, le 7 février 2018. / BRITTA PEDERSEN / AFP

L’annonce de l’accord de coalition entre la CDU et le SPD allemands a été chaudement saluée à Bruxelles, même si les dirigeants de l’Union restent prudents : ils ne féliciteront la chancelière Merkel que quand la « GroKo » sera approuvée par le vote des adhérents du SPD.

Les Européens s’inquiétaient de la paralysie politique allemande, qui bloquait des dossiers cruciaux à Bruxelles (une réforme de l’asile, une clarification des relations avec la Turquie, etc.). Ils déploraient surtout l’effacement de l’Allemagne, au moment même où Emmanuel Macron proposait de substantielles réformes pour l’Union, en premier lieu pour l’Eurozone.

Le choix d’un social-démocrate modéré – Olaf Scholz, le maire de Hambourg – au ministère des finances est perçu à Bruxelles comme le signe d’un nouvel élan pour l’Eurogroupe, le club des ministres des finances de l’Eurozone. Le « règne » de Wolfgang Schaüble, chantre de l’austérité, s’est achevé en octobre dernier. L’arrivée, mi-janvier, comme président de l’Eurogroupe, du Portugais Mario Centeno, issu d’un gouvernement de gauche, le prouve encore : l’Union monétaire veut tourner la page de la crise des dettes souveraines.

Réticences

Pour autant, si l’accord de grande coalition s’engage à « réformer la zone euro », les formules restent vagues et en deçà des ambitions initiales du président français, qui plaide pour la création d’un budget substantiel, d’un ministre des finances et d’un Parlement propres à l’Eurozone. Mais ses deux dernières propositions sont peu soutenues à Bruxelles.

Et si la Commission planche bien sur un mini-budget pour l’Eurozone, les Allemands ont toujours plaidé pour que ces moyens soient destinés à l’investissement et leur accès, fortement conditionné. Pas question pour eux de parler de mutualisation des dettes. « L’accord laisse des portes ouvertes », veut croire un haut diplomate français, qui indique que Mme Merkel et M. Macron espèrent négocier une « feuille de route » d’ici à juin.

Pour l’instant, Donald Tusk, le président du Conseil (les Etats membres) ne table, en juin, que sur un accord politique, afin de créer un Fonds monétaire européen et de parachever l’union bancaire. Même sur ce dernier point, les diplomates ont des doutes, tant les réticences allemandes demeurent fortes à l’encontre d’une garantie commune des dépôts bancaires. « Au Bundestag, l’arrivée de l’AfD [extrême droite] va limiter la marge de manœuvre du SPD et de la CDU, qui ne voudront pas donner l’impression de valider des transferts financiers entre Etats », alerte un diplomate bruxellois.