Quinze ans de réclusion avait été requis contre cet ancien aide-soignant. / LOIC VENANCE / AFP

La cour d’assises de Seine-Saint-Denis a condamné jeudi 8 février à dix ans de prison un aide-soignant, accusé d’avoir abusé de deux femmes handicapées dont il avait la charge au sein d’un foyer géré par l’Association des paralysés de France, à Pantin.

Cet homme à la longue barbe grise de 68 ans, contre lequel quinze ans de réclusion avaient été requis, devra également se soumettre à l’issue de sa peine à un suivi sociojudiciaire de cinq ans comprenant une injonction de soins. Il ne pourra plus exercer auprès de personnes vulnérables.

Au troisième et dernier jour du procès, la cour n’a été convaincue ni par les dénégations de l’accusé, ni par les arguments de son conseil. Ce dernier avait plaidé l’acquittement au motif qu’il n’y avait pas « d’éléments matériels » contre lui, mais seulement « des propos rapportés ».

L’ancien aide-soignant, qui officiait par ailleurs comme diacre, est accusé d’avoir agressé deux femmes extrêmement dépendantes du fait de leur handicap, en 2015 et 2016. Agée de 28 ans, l’une ne communique qu’avec ses yeux. La seconde, 47 ans, s’exprime difficilement. Elles sont considérées comme les résidentes les plus vulnérables d’un foyer géré par l’Association des paralysés de France à Pantin (Seine-Saint-Denis).

« Quoi de plus horrible ? »

Le 28 mars 2016, la plus jeune avait fait comprendre à sa mère par visioconférence qu’elle venait d’être agressée par un aide médico-psychologique. Une plainte est déposée, le salarié mis à pied. Trois jours après, une seconde femme dénonce des viols et des agressions sexuelles qui auraient été commis en 2015.

« Elles ont été abîmées dans leur chair, abîmées dans leur corps par celui-là même qui devait veiller sur elles », avait accusé l’avocate générale, soulignant combien il était « lâche » de s’en prendre à des femmes qui n’avaient « aucun moyen de défense ». La plaignante de 47 ans avait expliqué n’avoir rien dénoncé pendant un an par « peur » de l’accusé et de ne pas être crue. L’avocate générale a appuyé : « Quoi de plus horrible que d’être violée et de continuer à être lavée par son violeur ? »

« Tout ce que j’ai entendu sur moi, c’est très triste », avait déclaré le sexagénaire avant que la cour ne se retire pour délibérer. Se disant prêt à « pardonner » à tous ceux qui l’avaient « accusé, rabaissé, humilié », l’homme, ordonné diacre en 2011, avait assuré que s’il devait rester en prison, il « consacrerait encore [sa] vie aux autres là-bas ». A l’énoncé du verdict jeudi soir, il n’a pas cillé.