La visite d’Emmanuel Macron à l’université de Ouagadougou, le 28 novembre 2017, avait enfin permis aux étudiants, habitués à des amphithéâtres suffocants, de goûter au doux confort de l’air conditionné. Pour accueillir le président français, les autorités avaient en effet sorti la grosse artillerie, repeint les amphithéâtres et remis en marche une climatisation généralement défectueuse.

On se rappelle d’ailleurs la plaisanterie maladroite de M. Macron sur son homologue burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, devant momentanément s’absenter, selon son entourage, pour une « pause technique » : « Il est parti réparer la climatisation. »

« Depuis la visite sur le campus d’un premier ministre [à l’époque Luc-Adolphe Tiao] en mars 2013, nous n’avions pas connu un tel confort », ironise Abdallah Savadogo, étudiant en sciences et technologie. Selon ce militant syndical, la climatisation est un luxe pour la plupart des étudiants : « En dehors des petites salles de cours conçues pour les filières à effectifs réduits, vous ne trouverez aucun amphithéâtre avec une climatisation en état de fonctionner. »

Des brasseurs d’air au plafond

Les installations existent pourtant dans certains amphithéâtres. « Leur fonctionnement augmenterait considérablement les factures d’électricité », confie-t-on à la présidence de l’université. Faute de moyens, l’administration a fait installer des ventilateurs au plafond pour soulager étudiants et enseignants. « Si ces brasseurs d’air fonctionnaient correctement, ce serait déjà pas mal », raille un professeur. La situation est parfois intenable dans les salles de cours durant les périodes de fortes chaleurs, généralement au mois d’avril.

Après le départ du président français, les étudiants avaient profité encore un mois de la climatisation, avant que l’administration universitaire ne se décide de la débrancher. Mohamed Lamine Zouré, en première année de géographie, était présent le jour du fameux discours du président français. L’étudiant ne cache pas sa déception : « Nous sommes revenus à la case départ. La clim s’est arrêtée et on ignore pourquoi. »

« Ce sont des installations dont le fonctionnement coûte cher à l’université », répond en écho un responsable du service administratif et financier, pointant la responsabilité des étudiants dans la dégradation des équipements universitaires et des brasseurs d’air.