Il est un des piliers du gouvernement, l’un de ses ministres les plus connus des Français et les plus populaires. Nicolas Hulot s’est invité sur BFM-TV, jeudi 8 février au matin, pour démentir des rumeurs « ignominieuses », avant la publication d’un article dans l’hebdomadaire Ebdo paru le vendredi 9 février.

Au micro de Jean-Jacques Bourdin, le ministre de la transition écologique a reconnu l’existence d’une plainte à son encontre, déposée en 2008 par une femme et classée sans suite. « Cette plainte a été classée sans suite, car non seulement l’affaire était prescrite, mais j’ai été auditionné par les gendarmes à ma demande, et les enquêteurs ont très rapidement considéré qu’il n’y avait rien qui permettrait de poursuivre cette affaire », a précisé l’ancien présentateur d’« Ushuaïa ».

« Un cauchemar »

Il a également démenti l’existence d’accusations de harcèlement sexuel de la part d’une autre femme, ancienne collaboratrice de la Fondation Hulot : « La réponse est non et je le dis avec d’autant de force que la personne en question, avec laquelle je suis en contact, vous dira exactement la même chose », a-t-il déclaré sur BFM-TV. Jointe par LCI, cette ancienne collaboratrice indiquait jeudi dans la matinée : « Je démens formellement les rumeurs me concernant. Je n’ai aucun commentaire à faire sur une affaire qui n’en est pas une. » De son côté, la Fondation Hulot a assuré n’avoir eu « connaissance d’aucun agissements répréhensible ou conduite inappropriée » de la part de son ancien président.

Dans la journée, le procureur de la République de Saint-Malo a publié un communiqué indiquant qu’« une jeune femme » a effectivement déposé plainte, « le 11 juillet 2008 », contre Nicolas Hulot « en dénonçant un fait de viol commis, selon elle, onze ans auparavant, alors qu’elle était déjà majeure ». Les faits reprochés se seraient déroulés « entre le 9 et le 11 juin 1997 ». Le parquet malouin a précisé que « Nicolas Hulot a été entendu dès le 29 août 2008 par les gendarmes de la brigade de recherche de Saint-Malo » et que « les deux protagonistes avaient une version contradictoire quant au consentement à la relation sexuelle » évoquée. Avant de conclure que l’affaire avait été classée sans suite en raison de la prescription alors en vigueur de dix années dans ce type de dossier.

« Je n’ai évidemment rien à me reprocher », a insisté le ministre sur BFM-TV. Rappelant que « la justice est passée » et qu’« il faut aussi en tenir compte », Nicolas Hulot a mis en avant les conséquences de ces accusations sur sa vie privée et familiale : « Cela fait mal, quand c’est injuste, quand c’est infondé, car moi, hier, on a fait pleurer mes enfants », a-t-il expliqué, se disant « dans une rage folle » et évoquant « un cauchemar ». « Je n’ai pas peur de la vérité, j’ai peur de la rumeur, car c’est un poison lent qui tue », a-t-il ajouté.

« Il n’y a pas d’affaire, il y a des rumeurs »

Figure-clé du gouvernement et atout politique de taille pour Emmanuel Macron sur le terrain de l’écologie, Nicolas Hulot a reçu dès jeudi l’appui immédiat et au diapason de l’exécutif. Dans la foulée de son entretien sur BFM-TV, le premier ministre, Edouard Philippe, a en effet adressé « un message de soutien » à son ministre. « Nicolas Hulot s’est exprimé avec sincérité et émotion sur les rumeurs dont il est l’objet depuis plusieurs jours. Ses explications ont été claires, précises, et nous n’avons aucune raison de douter de sa parole. Comme il l’a rappelé, la justice s’est prononcée. Le premier ministre a adressé à Nicolas Hulot un message de soutien dans cette épreuve qui l’affecte, lui et sa famille », a indiqué Matignon dans une brève déclaration à l’Agence France-Presse.

De son côté, l’Elysée a, lui aussi, défendu le ministre de la transition écologique. « Le président a assuré Nicolas Hulot de son entier soutien » lors du conseil des ministres jeudi matin, a relayé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, pour qui « il n’y a pas d’affaire, il y a des rumeurs ». « Il y a une jurisprudence clairement établie par le premier ministre en direction de l’ensemble de son gouvernement, en accord avec le président de la République, qui est que tant qu’il n’y a pas de mise en examen, il n’y a pas de raison qu’une démission soit évoquée », a précisé à la presse l’entourage du chef de l’Etat. Pas question donc à ce stade que Nicolas Hulot quitte ses responsabilités ministérielles.

L’intéressé a lui-même indiqué n’avoir « pas pensé » à démissionner, tout en soulignant que « c’est ma famille qui prime, c’est sa résistance qui prime et c’est cela qui guidera ma décision, mes choix ». Concernant d’éventuelles suites judiciaires à la publication d’Ebdo, « on ne va pas brûler les étapes, on va regarder ce qui est dit », a répondu Nicolas Hulot, « mais comprenez bien que je ne laisserai pas la diffamation, la suspicion, les insinuations se développer ».

Avec Nicolas Hulot, c’est une deuxième figure d’importance du gouvernement, après Gérald Darmanin, qui est accusée dans des affaires sexuelles. Le ministre des comptes publics, venu du parti Les Républicains et particulièrement apprécié des électeurs de droite et de La République en marche, est, quant à lui, visé par une enquête préliminaire ouverte fin janvier à la suite d’accusations de viol visant des faits présumés datant de 2009.

A l’époque, l’Elysée et Matignon était également intervenus pour le défendre. Une partie de l’opposition, notamment au sein de LR, avait en revanche appelé à sa démission, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent concernant Nicolas Hulot.