D’abord, parce qu’on avait écouté d’une oreille distraite la question du confrère américain, on s’est dit que la championne de ski alpin Lindsey Vonn parlait de sa fille.

« J’ai Lucy depuis un an et demi, elle voyage partout avec moi. La journée, elle dort beaucoup. »

Un enfant de un an et demi qui dort beaucoup en journée ? Etrange, mais pourquoi pas.

« Je m’ennuie beaucoup en déplacement depuis que j’ai divorcé, a poursuivi l’Américaine, séparée de Tiger Woods. J’avais beaucoup de temps pour moi la nuit. Donc j’ai pris Lucy avec moi, partout. J’ai hésité à l’amener ici parce que c’était un long voyage mais elle est tout le temps avec moi, donc je me suis dit que j’aurais besoin d’elle pour l’événement le plus important. »

Toutes les mères athlètes le disent : vivre avec son bébé en compétition n’est pas le meilleur moyen d’y être performante. Quelque chose clochait, donc.

Lucy marche à quatre pattes mais ce n’est pas un retard de développement : Lucy est une chienne. Elle était dans un coin de la salle de conférence de presse, petit collier « Team USA » et oreilles rabattues. Les Américains l’adorent et dans cette salle, j’étais sans doute le seul à ressentir une légère incompréhension, suivie d’une immense gêne quand j’ai aperçu la (petite) bête.

Un chien, Lindsey Vonn et du fond de teint, vendredi 9 février au centre de presse des Jeux olympiques de Pyeongchang. / J. David Ake / AP

Ignare que j’étais : les trois chiens de Lindsey Vonn, dont Lucy, ont même leur compte Instagram. Suivi par 27 200 personnes, soit tout de même la moitié de Tessa Worley, la meilleure skieuse française.

Un journaliste du Denver Post a même écrit que la présence de Lucy aux côtés de Lindsey Vonn pouvait être « le facteur X dans sa quête de rédemption olympique », ce que l’on peut trouver un peu exagéré – mais c’est un débat dans lequel nous ne nous engagerons pas ici.

Des canidés au menu

Force est en tout cas de constater que comme il y a quatre ans à Sotchi, où la proportion importante de chiens errants avait fait beaucoup parler (jusqu’à ce que les premières médailles tombent), il est beaucoup question ici du meilleur ami de l’homme.

Générique 30 millions d'amis 1997
Durée : 00:56

De chiens errants, on n’en a point dénichés dans ce pays où l’on trouve trois bénévoles-souriants-mais-guère-loquaces au mètre carré (estimation). En revanche, il vous suffit de vous rendre dans un restaurant traditionnel coréen pour trouver des canidés.

Sur la carte.

Dans un pays avalant chaque année environ un million de chiens – invariablement bouillis, selon des sources proches de l’enquête –, la question en a fait aboyer plus d’un. Des pétitions ont circulé pour réclamer le boycott des Jeux, et quelques manifestations se sont déroulées à Séoul et Pyeongchang. Au plus près de l’action, quoique dans un bus, « Pyeongchang, comme ça se prononce » s’est même retrouvé bloquée vendredi aux abords du stade olympique par une de ces manifestations d’amis des bêtes.

Le gouvernement coréen, sans doute ému à l’idée de choquer certains de ses visiteurs, s’est emparé de la question et a requis, comme à chaque manifestation internationale sur son sol, que les restaurants du comté de Pyeongchang ôtent ces plats de leurs cartes le temps des Jeux. Mais les restaurateurs du coin tiennent à leur clientèle locale : une majorité d’établissements de viande de chien a rejeté la demande et l’aide financière qui l’accompagnait.

Ayant galopé des bosses au biathlon en passant par la cérémonie d’ouverture, « Pyeongchang, comme ça se prononce » n’est pas en mesure de vous parler dans le détail des menus des restaurants coréens. Et donc de savoir si comme MC Solaar, les habitants du pays du matin calme aiment les animaux « avec du sel et bien cuit ». Mais cela viendra.

Pour les athlètes, on ne sait pas. Venue tester les installations olympiques avec son partenaire Eric Rashford l’an passé, la patineuse canadienne Meagan Duhamel (double championne du monde et médaillée d’argent à Sotchi) est rentrée de Corée avec une boule de poil dans ses bagages.

Promis à la casserole, Moo-tae a été secouru par l’association Free Korean Dogs, et recueilli par l’athlète, qui aspire à une médaille d’or aux JO. « C’est un saint », assure Duhamel, qui aspire à utiliser la caisse de résonance des Jeux pour sensibiliser l’opinion au commerce de la viande de chiens (stratégie qui fonctionne, la preuve par cet article).

Et sinon…

  • Pour rester dans la thématique, sachez que des confrères américains semblent avoir largement profité de la légalisation de cannabis dans quelques Etats et ont pris l’initiative de laisser… un chien raconter la journée olympique. Voilà « The Repawter », on vous laisse juger sur pièce – et savourer le jeu de mot du titre (« paw » désignant la patte de chien, et « reporter » le journaliste).
  • Nous sommes au premier jour (officiel) des Jeux olympiques et pour le moment, la rédaction dit toujours « 아니 » (« non », qui se prononce « ani ») au norovirus. Tout comme Soohorang, la mascotte officielle des JO (notre enquête sur ce felidae avance, on vous conseille de mettre un marque-page sur ce blog, histoire de ne pas la rater), qui nous apprend à éternuer dans notre manche. Ou à « daber », on n’est pas sûr à la réflexion.

« 너의 소망에 (à tes souhaits) Soohorang ».

Selon un dernier état des troupes, communiqué par le POCOG, on en est désormais à :

  • 139 cas confirmés

  • 11 nouveaux cas vendredi

Aucun sportif n’a jusqu’à présent été touché, selon le comité d’organisation. Lindsey Vonn, précautionneuse, s’est présentée en conférence de presse avec des gants, craignant cet endroit chargé en bactéries. Ce qui ne l’empêche pas de passer ses nuits avec un chien qui lèche tout ce qui lui passe sous la langue.