Pour les biathlètes, qui alternent effort physique et instants de concentration, le froid est difficile à combattre. / MURAD SEZER / REUTERS

Loin d’être importuné par l’air glacial, il a fait monter la température dans un stade olympique de Pyeongchang transi de froid. Comme il y a deux ans à Rio, le Tongien Pita Taufatofua a défilé torse nu lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, vendredi 10 février. Loin des chaleurs tropicales cariocas, la péninsule coréenne est pourtant traversée par des vents venus de Sibérie, de ceux qui transpercent les os.

A quelques kilomètres du stade olympique, le terrain de biathlon d’Alpensia s’apprête à accueillir les athlètes olympiques pour les quinze jours à venir. Lors des séances d’entraînement, de curieuses décorations multicolores ont fleuri sur les visages des biathlètes, les faisant ressembler à des clowns chaussés de skis et armés de carabines. Afin de faire face au froid glacial de l’hiver coréen — ayant atteint les - 26 °C en ressenti — ces sportifs pourtant accoutumés aux températures négatives font tout pour rester au chaud.

« Il fait - 18 °, il faisait - 20 ° hier, ça caille grave », synthétisait jeudi le descendeur français Adrien Théaux. Et celui qui doit entamer sa compétition dimanche de dérouler sa méthode de protection : « On met du scotch sur les pommettes, le nez, on met des chaussettes chauffantes. Hier, je ne les ai pas mises et je me suis gelé un orteil, c’est la première fois que ça m’arrive. »

L’équipe canadienne dispose de pantalons chauffés, et les parkas avec lesquelles l’équipe américaine a défilé vendredi soir ont également un dispositif chauffant.

Toutes les disciplines extérieures sont touchées

« On a le bout du nez qui gèle et les joues aussi », dit la skieuse acrobatique Perrine Laffont. Pour lutter contre le froid, celle qui a remporté vendredi la manche de qualifications en ski de bosses et abordera dimanche la finale en favorite a multiplié les épaisseurs sous sa combinaison. Si elle n’a qu’une trentaine de secondes à passer sur la piste, le froid a une influence sur sa discipline acrobatique : « La neige est comme du béton à cause du froid, et c’est plus difficile à skier. »

« Toutes les disciplines d’extérieur sont impactées, souligne Fabien Saguez, le directeur technique national (DTN) du ski français. L’ensemble du nordique, car dès lors qu’on a un effort long, répété, et qu’on respire beaucoup dans le froid, il faut faire attention à ne pas avoir de problème pulmonaire. Le ski alpin, car c’est un effort court, mais qu’on descend à des vitesses très hautes qui augmentent la sensation de froid. »

Devant affronter le froid pendant des périodes prolongées, skieurs de fond et biathlètes ont opté pour se recouvrir les joues de ruban adhésif et le nez de vaseline afin d’isoler au mieux leur peau de la morsure du froid. Outre le visage — et les mains pour les biathlètes —, les fondeurs utilisent des dispositifs pour réchauffer leur respiration afin de protéger leur poumon.

Pour faire face au froid, les athlètes s’adaptent. / MURAD SEZER / REUTERS

Hors ski, le froid ambiant n’est pas non plus sans importance. « C’est usant psychologiquement, poursuit Fabien Saguez. Il n’y a pas de situation de confort. »

Vents violents

Même si un — relatif — redoux a réchauffé les concurrents à la fin de semaine, les conditions météorologiques restent extrêmes. La descente masculine est menacée d’être repoussée à mercredi si d’aventure les vents violents qui soufflent sur la comté de Pyeongchang ne s’apaisent pas.

Obligés de faire le pied de grue pendant parfois onze heures d’affilée pour orienter athlètes, journalistes et spectateurs, les bénévoles de Pyeongchang affrontent également le froid. Avec davantage de sérénité que la presse. « C’est souvent comme ça en Corée, explique “Jimmy” — qui préfère se présenter ainsi, jugeant son nom “trop compliqué” —, un volontaire aidant à la circulation des bus. En hiver, le froid vous glace, mais vous devez faire avec. »

Pour affronter pareilles températures, il existe une méthode plus naturelle, utilisée par les « bobeuses » américaines : la danse. Une méthode que les présentateurs de la cérémonie d’ouverture des Jeux ont tenté de recommander aux 15 000 spectateurs frissonnant dans les gradins vendredi soir, avec un succès relatif.