La fête de la Jeunesse au Cameroun a été marquée, dimanche 11 février, par la mort de trois gendarmes et la disparition d’un sous-préfet en régions anglophones, où un conflit oppose l’armée camerounaise aux séparatistes anglophones.

« Trois gendarmes (ont été) tués à Kembong. Il y a eu quelques attaques parsemées et maîtrisées », a déclaré dimanche le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l’armée camerounaise, à l’Agence France-Presse (AFP).

A Batibo, dans la région du Nord-Ouest anglophone, la voiture du sous-préfet, Namata Diteng, a été retrouvée brûlée dimanche matin, et son propriétaire restait introuvable dimanche après-midi, selon le député de Batibo présent sur place, Joseph Mbah-Ndam.

« On a constaté que la voiture du sous-préfet a été emportée et brûlée par des inconnus dans un endroit isolé. Je ne sais pas s’il a été effectivement enlevé ou alors s’il a pu s’enfuir », a déclaré à l’AFP le député du premier parti d’opposition, le Social democratic front (SDF) et vice-président de l’Assemblée nationale.

M. Mbah-Ndam a ajouté que le défilé de la fête de la Jeunesse du 11 février, qui devait être présidé par le sous-préfet, n’a de fait pas eu lieu à Batibo. « Les gens se sont retirés chez eux par peur d’éventuelles violences, en représailles, de l’armée », a indiqué le député.

Couvre-feu

Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest regroupent les habitants anglophones du Cameroun, soit 20 % de la population. Elles sont secouées depuis plus d’un an par une profonde crise sociale et politique, qui s’est peu à peu muée en conflit armé latent et menace, entre autres, l’élection présidentielle qui doit se tenir fin 2018.

Depuis le début de cette crise, en octobre 2016, vingt-six membres des forces de sécurité ont été tués par des séparatistes présumés en régions anglophones, selon un décompte de l’AFP sur la base des déclarations officielles du gouvernement. Près de 33 000 personnes, essentiellement des villageois, se sont réfugiées au Nigeria, fuyant les violences.

Ces derniers jours, les séparatistes, que le gouvernement qualifie de « terroristes », ont multiplié les menaces sur les réseaux sociaux, prévoyant de troubler les célébrations du 11 février, date du référendum qui a réuni francophones et anglophones camerounais en 1961 et qui a été transformé en « fête de la Jeunesse » en 1966.

Les deux régions anglophones camerounaises sont frontalières du Nigeria, où le pouvoir camerounais suspecte les séparatistes d’avoir établi leur base arrière. Un couvre-feu y avait été instauré vendredi.