La guérison de Sœur Bernadette Moriau date de 2008. Atteinte d’une grave invalidité et alors âgée de 69 ans, elle avait recouvré toutes ses facultés physiques après un pèlerinage à Lourdes. Dimanche 11 février, cette guérison a été reconnue « comme miraculeuse » par l’évêque de Beauvais, ce qui constitue le 70e miracle survenu à Lourdes.

« Observant que ladite guérison, fut soudaine, instantanée, complète, durable et reste inexpliquée dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques », Mgr Jacques Benoît-Gonnin déclare « le caractère prodigieux-miraculeux et la valeur de signe divin de la guérison de Sœur Bernadette Moriau obtenue par l’intercession (…) de la vierge Marie », stipule le communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).

« Guérison inexpliquée »

Sœur Bernadette Moriau, née dans le Nord en 1939, est entrée à 19 ans au couvent dans une congrégation de franciscaines et est devenue infirmière en 1965. Elle a ressenti des douleurs lombo-sciatiques dès 1966, à 27 ans. Malgré quatre interventions chirurgicales, les douleurs l’empêchent d’exercer son métier, et de marcher normalement.

En juillet 2008, elle participe au pèlerinage à Lourdes de son diocèse et reçoit le sacrement des malades. À son retour en Picardie, le 11 juillet 2008, « elle ressent une sensation inhabituelle de relâchement et de chaleur dans tout son corps » et « perçoit comme une voix intérieure qui lui demande d’enlever l’ensemble de ses appareils, corset et attelle », d’après le communiqué du diocèse. Sœur Moriau interrompt le jour même tous ses traitements.

De nouveaux examens médicaux, des expertises et trois réunions collégiales à Lourdes (2009, 2013 et 2016) ont permis au Bureau des constatations médicales d’affirmer collégialement « le caractère imprévu, instantané, complet, durable et inexpliqué de la guérison ».

En novembre 2016 à Lourdes, lors de sa réunion annuelle, le Comité médical international de Lourdes (CMIL) confirme « la guérison inexpliquée, dans l’état actuel des connaissances scientifiques ».

« Pas de place au mirobolant »

« Sœur Bernadette Moriau a maintenant une vie parfaitement normale, elle est en très bonne santé et visite elle-même des malades régulièrement », a indiqué à l’AFP le Dr Alessandro de Franciscis, le 15e président du Bureau des constatations médicales de Lourdes depuis la création de cette instance à vocation scientifique en 1883.

« Je suis l’avocat du diable », dit ce pédiatre napolitain d’une soixantaine d’années qui, en 2009, a été le premier à se pencher sur la guérison de Sœur Bernadette Moriau dans le cadre du processus de reconnaissance des miracles.

Son travail est, comme il l’a expliqué à l’AFP, de rechercher « la faute » éventuelle dans le dossier médical de la personne – « examens neurologiques, psychiatriques, imageries médicales… » – qui permettrait d’écarter un cas de guérison. « Notre méthode de travail est très rigide, il n’y a pas de place au mirobolant » a encore affirmé le médecin, ajoutant : « Lourdes est reconnu comme un lieu de guérison pas forcément comme un lieu de miracle ».

7 200 guérisons, 69 miracles

« Oser dire que Dieu est intervenu par la voix d’un miracle dans une existence, c’est quelque chose de redoutable. J’ai bien conscience que j’agis comme évêque de Beauvais et que, en même temps, que ça retentit sur l’Église en France et dans le monde », a réagi Mgr Benoît-Gonnin auprès de l’AFP.

Dans l’Oise, trois miracles avaient déjà été reconnus en 1908 (Sœur Joséphine Marie, Aurélie Huprelle et Clémentine Malot). Jusqu’à la fin de 2016, sur les 7 200 guérisons répertoriées comme ayant eu lieu à Lourdes, seulement 69 avaient été reconnues par l’Église comme miracles. Le précédent miracle survenu à Lourdes, la guérison en 1989 d’une Italienne victime de graves crises d’hypertension, avait été reconnu en 2013.

Une conférence de presse est prévue mardi matin à Beauvais en présence de Sœur Bernadette, de l’évêque de Beauvais et du président du Bureau des constatations médicales de Lourdes.