L’incident pourrait encore compliquer la résolution du problème chypriote. Chypre a estimé, dimanche 11 février, que la Turquie, qui occupe la partie nord de l’île, avait violé « le droit international » en bloquant un navire italien parti explorer du gaz dans les eaux de l’île méditerranéenne.

Le grand groupe italien de l’énergie ENI a indiqué à l’agence de presse chypriote que des navires de la marine turque avaient donné l’ordre à l’un de ses bateaux de s’arrêter en raison « d’activités militaires » dans ce secteur. Il faisait route vers le bloc 3 de la Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre, à l’est de l’île divisée, en vue de commencer l’exploration de cette zone.

Les explorations gazières menées dans la ZEE de Chypre, membre de l’Union européenne et qui n’exerce son autorité que sur les deux tiers sud du pays, ont déclenché des tensions avec Ankara qui réclame leur suspension dans l’attente d’une solution à la division de l’île.

La partition de l’île de Chypre date de 1974, lorsque les troupes turques ont envahi le tiers nord de l’île en réaction à un coup d’Etat visant à rattacher l’île à la Grèce. Alors que les différentes tentatives de réunification ont échoué, le président chypriote, Nicos Anastasiades, réélu le 4 février pour un second mandat, s’est engagé à mettre fin à la division de l’île.

« Obstacle majeur »

« Nous restons calmes dans le but d’éviter toute crise et prenons toutes les mesures diplomatiques nécessaires afin que la souveraineté de la République de Chypre soit respectée », a-t-il soutenu dimanche. « Nous essayons d’éviter tout ce qui pourrait aggraver la situation, sans ignorer le fait que les actions de la Turquie sont une violation du droit international », a-t-il ajouté.

Chypre, qui a lancé des opérations de forage il y a plus de sept ans au large de ses côtes, a annoncé jeudi la découverte d’importantes réserves de gaz au bloc 6, au sud-ouest du bloc 3, par le groupe ENI et le français Total. L’an dernier, ExxonMobil et Qatar Petroleum ont signé un contrat de licence avec Nicosie pour explorer le bloc 10, situé près du champ gazier égyptien « Zohr », où d’immenses réserves de gaz ont été découvertes.

De son côté, le ministère turc des affaires étrangères a fustigé dans un communiqué les activités « unilatérales » de la République de Chypre « au mépris des droits inaliénables des Chypriotes-turcs, copropriétaires de l’île, sur les ressources naturelles » de Chypre. « Cette attitude non constructive des Chypriotes-grecs représente aussi un obstacle majeur à la résolution du problème chypriote », a poursuivi le ministère, en référence à la division de l’île.