La joie des Ecossais après leur victoire face à la France, le 11 février 2018, à Edimbourg. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Evidemment qu’ils y ont cru. En pareilles circonstances « on y pense, on y pense », convient après coup Yacouba Camara. Le troisième-ligne évite finalement de prononcer le mot, ce mot « victoire » qui finalement s’est une nouvelle fois dérobé aux convoitises de l’équipe de France. Non sans avoir mené au score jusqu’à l’heure de jeu, les Bleus ont concédé en Ecosse (32-26), dimanche 11 février, leur deuxième défaite en autant de matchs dans ce Tournoi des six nations.

Comment espérer mieux sous ce ciel bleu, après tant de pénalités offertes à l’adversaire, après tant de désillusions depuis des mois accumulées ? Les joueurs changent, les sélectionneurs aussi. Demeure ce constat : les Bleus attendent toujours leur première victoire depuis maintenant 330 jours exactement et un succès lors de leur dernière rencontre du Tournoi 2017 contre le pays de Galles (20-18), pour depuis un bilan assommant de sept défaites et un match nul.

Question de Sébastien Vahaamahina, un rien amer dans les couloirs du stade de Murrayfield, à Edimbourg : « Si on avait gagné, vous auriez dit quoi ? » Comme pour nous délester d’une réponse gênante, le deuxième-ligne du XV de France se livre à l’autocritique. « C’est mental, et puis voilà. C’est dans la tête que ça se passe. […] Les autres équipes aussi font des fautes, mais elles gagnent. » Ces pénalités parasites avaient déjà coûté cher il y a une semaine contre l’Irlande. « Cette semaine aussi », poursuit-il. « L’indiscipline nous a tués sur ce match-là », embraie Yacouba Camara.

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« Marseillaise » initiale

Vahaamahina peut en vouloir à Greig Laidlaw, son coéquipier à Clermont mais adversaire en sélection. Ce dimanche, le demi de mêlée a tapé pour l’équipe d’Ecosse. Un sans-faute : deux transformations et surtout six pénalités, comme autant de coups de martinet sur des Français qui avaient pourtant bien besoin de leurs deux mains pour compter leurs erreurs.

La punition est cruelle : réduction du score (57e minute), puis égalisation (60e minute), puis victoire écossaise (70e et 76e minutes) en à peine vingt minutes. Vingt minutes qui gâchent « une bonne entame de match », veut rappeler Arthur Iturria, lui aussi deuxième-ligne à Clermont. « Trop d’envie » ? Ou bien « pas assez de confiance en soi » ? Le jeune homme balance entre ces deux explications pourtant paradoxales. « Je ne sais pas si c’est mental mais c’est vrai qu’on s’est un peu crispés », concède l’arrière Geoffrey Palis.

Dommage pour Teddy Thomas : déjà récompensé une fois contre l’Irlande, l’ailier français repart d’Ecosse avec deux nouveaux essais marqués, toujours insuffisants à la fin du match. Deux essais français en première période ce dimanche, dont le premier dès la 2e minute de jeu : la prouesse méritait bien une « Marseillaise » de la part des supporteurs français à Edimbourg, certains ayant poussé la gasconnade jusqu’à enfiler un kilt par-dessus le blue-jean.

« Cuillère de bois »

En survêtement, le capitaine français Guilhem Guirado, dimanche 11 février 2018 à Edimbourg. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Bernard Laporte, lui, est resté engoncé dans son manteau de sport. Le président de la Fédération française de rugby a parlé aux joueurs après le match. En quels termes ? « Ca reste entre nous, ça », élude Yacouba Camara. Le troisième-ligne de Montpellier s’apprête maintenant à « changer d’air, de paysage » : l’équipe de France préparera à Aix-en-Provence son prochain match, prévu le 23 février au Vélodrome de Marseille contre l’Italie.

« A Aix il y a le soleil, une bonne météo, ça va nous faire du bien je pense », poursuit le joueur, qui sort d’une semaine de classe de neige avec ses coéquipiers au Centre national du rugby, à Marcoussis (Essonne). Jacques Brunel, sur le mode de la litote ce dimanche (« j’espérais mieux », a désormais quelques jours pour remobiliser ses hommes. Sept semaines seulement après sa nomination à la place de Guy Novès.

A en juger par l’inconsitance de son banc de touche, le sélectionneur semble déjà fort dépourvu. Contre l’Ecosse, M. Brunel a abattu la carte Lionel Beauxis, 32 ans, 20 sélections. Pour faire face aux blessures, l’ouvreur retrouvait l’équipe de France près de six ans après sa précédente sélection. Des retrouvailles mitigées, à l’image de cet en-avant commis en seconde période.

Désormais avant-derniers du Tournoi, il s’agira pour les Français d’éviter contre les Italiens une troisième défaite en autant de matchs, avant même d’affronter Anglais puis Gallois. Sans quoi, la France pourrait bien gagner un trophée cette année. La « cuillère de bois » étant attribuée après cinq défaites sur cinq possibles.