Martin Schulz et Andrea Nahles, le 7 février 2018. / HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

Martin Schulz a démissionné, mardi 13 février, de la présidence du Parti social-démocrate allemand (SPD), en crise, et annoncé la tenue d’un congrès extraordinaire le 22 avril pour lui désigner un successeur.

« J’ai annoncé aux instances du parti que je quittais à compter d’aujourd’hui mes fonctions, a-t-il déclaré à la presse à Berlin. Le SPD a besoin d’un renouveau en termes de personnes et de programme ».

Martin Schulz avait annoncé déjà la semaine dernière son intention de renoncer à ce poste. Il entendait alors passer le relais à la tête du parti en crise à Andrea Nahles, actuelle présidente du groupe parlementaire du SPD, et ce dans plusieurs semaines seulement, afin de devenir ministre des affaires étrangères du futur gouvernement d’Angela Merkel.

En quelques jours, ce scénario a été annihilé. Martin Schulz a dû renoncer au poste de chef de la diplomatie face aux critiques de sa base, qui lui reprochait de trop penser à sa carrière personnelle et de revenir sur une promesse.

Martin Schulz avait en effet affirmé fin 2017, après la cuisante défaite aux élections législatives, qu’il ne ferait jamais partie d’un gouvernement sous la direction de la chancelière conservatrice. Sa prétention à devenir le futur chef de la diplomatie lui a aussi attiré les foudres de l’actuel occupant du poste, Sigmar Gabriel, un autre cacique du SPD.

Martin Schulz a reconnu mardi soir que la présidence du parti était un « poste difficile » qui « ne procure pas que du plaisir ».

Fin abrupte et humiliante

Arrivé comme un sauveur à la tête du SPD il y a un an seulement, et perçu un temps comme un rival possible d’Angela Merkel, l’ancien président du Parlement européen connaît une fin abrupte et humiliante.

Après avoir enregistré en septembre 2017 aux législatives le pire score électoral (20,5 %) de l’histoire de l’après-guerre pour les sociaux-démocrates, Martin Schulz voit aujourd’hui son mouvement se déchirer au sujet de la question de l’alliance, une nouvelle fois, avec la droite pour gouverner, et se liquéfier dans les intentions de vote. Un dernier sondage INSA publié mardi par Bild ne lui donne plus que 16,5 %. Il est menacé d’être bientôt rattrapé par l’extrême droite (15 %).

« J’ai connu des hauts et des bas à ce poste comme rarement », a convenu Martin Schulz, soulignant que les turbulences récentes l’avaient parfois « pris aux tripes » mais qu’il partait « sans amertume ».

Andrea Nahles va devoir patienter pour lui succéder

Autre difficulté au SPD : il était prévu qu’Andrea Nahles prenne dès mardi la succession de Martin Schulz, d’abord par intérim, puis officiellement plus tard via une nomination lors d’un congrès au printemps. Mais plusieurs responsables et fédérations régionales du parti s’y sont opposés. Ils ont demandé qu’Andrea Nahles attende de se soumettre au vote d’un congrès du parti pour occuper le poste suprême.

Dans l’intervalle, c’est donc le maire de Hambourg, Olaf Scholz, également futur ministre désigné des finances d’Angela Merkel, qui assurera l’intérim.

Andrea Nahles devrait, elle, être intronisée lors d’un congrès le 22 avril à Wiesbaden. Les instances dirigeantes du SPD ont proposé mardi à l’unanimité sa candidature. Elle deviendra alors la première femme présidente de ce mouvement créé il y a un siècle et demi.

Reste enfin à savoir quel sort réserveront les 464 000 militants du SPD à l’accord de gouvernement négocié au forceps par leur direction avec les conservateurs. Ils doivent encore se prononcer dessus par vote et le résultat, incertain, sera connu le 4 mars.