Le parquet de Boulogne-sur-Mer a annoncé mardi ouvrir une information judiciaire « pour tentative de meurtres » au sujet des bagarres qui avaient éclaté en trois endroits distincts de Calais au début de février, blessant 22 migrants dont cinq par balle. « Contre X, car il n’y a pas suffisamment d’identification de l’auteur », a précisé Pascal Marconville, procureur de la République de Boulogne-sur-Mer.

Les auditions de deux Erythréens blessés par balle, toujours hospitalisés, restaient à effectuer. « Plusieurs pistes sont à exploiter car de nombreux témoignages parmi les migrants africains doivent être vérifiés », a rapporté le procureur, qui rappelle que l’ouverture d’une information judiciaire est obligatoire pour des faits criminels. L’éparpillement des migrants au-delà du Calaisis exige également de confier l’enquête à un juge d’instruction, a-t-il ajouté.

L’hypothèse de conflits ethniques

La responsabilité de passeurs dans les rixes, souvent évoquée par des migrants au lendemain des faits, est « une des possibilités, pas la seule », a affirmé le magistrat. Selon lui, l’hypothèse de conflits ethniques est « tout à fait envisageable, d’autant que, les jours précédents, étaient arrivés cent cinquante Africains de région parisienne et de Belgique, ce qui a d’ailleurs compliqué le travail des associations ».

Il s’agissait de la rixe au bilan le plus lourd depuis le 1er juillet 2017, lorsque des bagarres interethniques avaient fait seize blessés, dont un grave.

Entre 550, selon la préfecture, et 800 migrants, d’après les associations, vivent actuellement à Calais dans des conditions précaires pour tenter de passer en Grande-Bretagne.