Alexis Pinturault (à gauche) a terminé deuxième du combiné mardi 13 février. Son compatriote Victore Muffat-Jeandet (à droite) a pris la troisième de l’épreuve, remportée par l’Autrichien Marcel Hirscher. / Charlie Riedel / AP

On ne soulignera jamais assez les vertus apaisantes de l’observation des baleines. Alexis Pinturault en est désormais convaincu, lui qui s’est ressourcé avant les Jeux olympiques à Okinawa (Japon) en regardant les cétacés, les pieds dans l’eau, une semaine avant de décrocher à Pyeongchang sa deuxième médaille olympique : l’argent dans le combiné, qui associe descente et slalom. Il aurait pu espérer l’or, lui qui domine la discipline en Coupe du monde depuis 2014, mais après une saison aussi compliquée, le métal importait peu.

Radieux, le skieur de Courchevel côtoyait sur le podium son ami et compatriote Victor Muffat-Jeandet – première médaille internationale pour lui, en bronze – et l’inaccessible Marcel Hirscher. L’Autrichien, seulement six mois après une fracture à la malléole de la cheville gauche, a corrigé, ce mardi 13 février, une anomalie : il s’agit de son premier titre olympique, obtenu en bas d’un slalom impeccable malgré des conditions venteuses.

Jambes flageolantes

Le vent, soufflant toujours fort en haut de la piste de Jongseon, avait déjà provoqué le report de la descente masculine et du géant féminin. Il était urgent que le sport roi des Jeux se lance dans la pente : les organisateurs ont donc abaissé le départ de la descente, quitte à priver les grosses cuisses de leur terrain d’expression et à ôter les grands sauts qui effraient les techniciens. La descente, d’une minute et vingt secondes seulement, devenait presque une formalité pour Alexis Pinturault et Marcel Hirscher, qui parvenaient en bas avec à peine plus d’une seconde de retard sur le meilleur descendeur, l’Allemand Thomas Dressen. Il ne leur restait qu’à se disputer la victoire entre les piquets et à ce jeu, Marcel Hirscher est incontestablement le meilleur cette saison. La troisième place de Victor Muffat-Jeandet, elle, relève du miracle. Pas de la surprise, puisque le géantiste de Val-d’Isère s’était annoncé au grand monde en remportant le combiné de Wengen (Suisse), en janvier. Mais à un dixième de seconde près, il ne rentrait pas dans les trente premiers de la descente et s’interdisait tout espoir de remontée.

Victore Muffat-Jeandet, mardi 13 février. REUTERS/Christian Hartmann / CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

« J’étais hyper-énervé et frustré après ma descente. Pour moi, la chance était passée, disait-il à l’issue de sa première course olympique. Du coup, je pars au slalom à l’arrache, limite à la bourre. Pour moi, ça n’allait pas suffire. » Les descendeurs, malgré leur avance, se casseront tous les dents sur son temps. « C’est presque une course parfaite, il manque juste la couleur, commentait David Chastan, directeur des équipes de France de ski, une pointe de déception dans la voix. Mais Marcel , c’est le [plus grand] skieur de tous les temps. » Pour tous les autres, c’est le soulagement qui primait, tant les spécialistes français du combiné, qui dominent collectivement la discipline depuis des années, avaient pris l’habitude de rater le podium dans les grands championnats.

« Je savais que j’étais largement candidat à aller chercher une médaille, je sais aussi ce par quoi je suis passé, donc bien sûr qu’il y avait du stress »

La réputation d’Alexis Pinturault était d’ailleurs déjà faite, à seulement 26 ans : lui qui se montrait si régulier en Coupe du monde, sur tous les terrains, avait les jambes flageolantes lorsqu’un enjeu plus grand se présentait. Sa saison avait marqué un net recul, le Savoyard manquant de régularité, notamment en géant, sa discipline forte. Moins attendu, « Pintu » n’en était pas moins tendu : « Je savais que j’étais largement candidat à aller chercher une médaille, je sais aussi ce par quoi je suis passé, donc bien sûr qu’il y avait du stress. »

« Son séjour au Japon était assez logique, il fallait qu’il trouve une solution pour se vider la tête, commentait Fabien Saguez, directeur technique national du ski français. Ça fait quelques semaines que c’était difficile, tout le monde l’a vu, et je pense que ça va lui faire un bien fou. » Hirscher, Pinturault, Muffat-Jeandet : contrairement à une tradition olympique, le podium de la première épreuve est sans surprise. C’est aussi, sans doute, le dernier podium d’un vieux monde, le combiné, discipline historique menacée de longue date et dont la disparition est programmée en 2020.