Julian Assange vit depuis 2012 dans l’ambassade équatorienne de Londres. / Kirsty Wigglesworth / AP

Julian Assange doit encore rester confiné dans l’ambassade équatorienne de Londres, dans laquelle il vit depuis plus de cinq ans. Mardi 13 février, la justice britannique a maintenu le mandat d’arrêt à son encontre : s’il met le pied dehors, le cofondateur de WikiLeaks risque l’arrestation immédiate.

L’Australien, âgé de 46 ans, a trouvé refuge dans cette ambassade en 2012, alors qu’il était recherché par la police suédoise pour des accusations de viol qu’il a toujours niées. L’an dernier, la justice suédoise a classé l’affaire, ce qui n’a pas pour autant suffi à débloquer sa situation. Julian Assange demeure, en effet, toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt britannique datant de 2012 : à cette époque, il n’avait pas respecté les conditions de sa liberté sous caution. Ses avocats estimaient que ce mandat n’a plus lieu d’être, puisqu’il est lié à la procédure suédoise. La juge, après avoir maintenu ce mandat en écartant le 6 février un premier argument purement juridique, n’a pas été sensible à la nouvelle démonstration des avocats de l’Australien. Ces derniers ont tenté de la convaincre que la santé fragile de l’Australien, une décision d’un organe de l’ONU contre sa détention ou encore ses offres de coopération avec les autorités suédoises justifiaient de lever le mandat. Sans succès.

Si Julian Assange refuse depuis 2012 de sortir de l’ambassade, ce n’est pas parce qu’il craint de devoir rendre des comptes pour cette affaire de liberté sous caution, relativement mineure. Mais parce qu’il soupçonne les autorités britanniques de vouloir l’extrader vers les Etats-Unis. WikiLeaks avait publié en 2010 des milliers de documents secrets de l’armée américaine. En avril, le ministre de la justice américain, Jeff Sessions, avait assuré qu’arrêter Julian Assange était une « priorité » tandis que le directeur de la CIA avait qualifié WikiLeaks de « service de renseignement non étatique hostile, souvent soutenu par des acteurs étatiques comme la Russie ».

Contacté la semaine dernière par Le Monde, l’avocat belge de Julian Assange, Christophe Marchand, a souligné que la levée du mandat d’arrêt ne signifierait pas pour autant la fin des risques. Craignant un accord secret entre Washington et Londres, il affirme que Julian Assange ne sortira pas de l’ambassade sans avoir préalablement obtenu l’assurance des autorités britanniques qu’il ne sera pas arrêté en vue d’une extradition vers les Etats-Unis.

Nationalité équatorienne

En décembre, dans une énième tentative de débloquer la situation, Quito avait octroyé la nationalité équatorienne à Julian Assange, espérant que le Royaume-Uni accepterait de lui reconnaître un statut diplomatique – cela aurait pu lui permettre de quitter l’ambassade sans être arrêté. Ce qui lui a été refusé, et la police britannique en a même profité pour rappeler son intention d’arrêter Julian Assange s’il sortait de l’ambassade. En janvier, le président équatorien, Lenin Moreno, a déclaré que la présence de Julian Assange dans l’ambassade était un « problème hérité » de l’ancien président et représentait « plus qu’un tracas ».

Depuis, les avocats de Julian Assange soulignent ses problèmes de santé. Selon eux, le cofondateur de WikiLeaks n’a pas accès aux soins médicaux. Il souffrirait notamment de problèmes aux dents, à l’épaule, mais aussi de dépression.

Depuis la création de WikiLeaks et la divulgation des documents secrets de l’armée américaine, Julian Assange est devenu un personnage très controversé. La publication, pendant la campagne présidentielle américaine, de milliers d’e-mails dérobés au Parti démocrate avait déstabilisé une partie de ses soutiens. En diffusant ces documents, Julian Assange a, en effet, été accusé de faire le jeu de Donald Trump et de la Russie, dont les pirates sont soupçonnés d’être derrière le piratage de ces courriels. Julian Assange a toujours nié ces accusations et n’a jamais dévoilé l’origine de ces documents.