Fabio Delvò

Venu du monde anglo-saxon, le bachelor est en passe de devenir un diplôme made in France à part entière. Considérablement répandu dans les écoles privées françaises, il fait une concurrence assumée aux licences des universités reconnues par l’Etat. Désormais, la plupart des écoles de commerce l’ont adopté, et la tendance a gagné de nombreuses filières post-bac.

Les bachelors sont peu nombreux à posséder le visa de l’Etat. C’est là tout l’enjeu pour les écoles de commerce.

En quelques années, les bachelors se sont offert une place de choix dans l’enseignement supérieur, malgré des différences de niveau notables entre les formations. Ils sont encore peu nombreux à être « visés » par l’Etat et inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), autrement dit validés par la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) qui évalue les compétences acquises au cours du cursus en fonction des besoins du marché du travail.

D’après le site du RNCP – qui ne fait pas de distinction entre bachelors et licences ou licences pro, ni entre bac + 3 et bac + 4 –, on compte ainsi 36 diplômes « visés » par l’Etat (« Diplovis ») et plus de 600 qui relèveraient d’un autre type de certification – dont certaines sont malgré tout reconnues par l’Etat ! Le « visa » officiel est tout l’enjeu pour les écoles supérieures de commerce (ESC), qui, si elles n’en ont pas le monopole, ont abreuvé l’enseignement supérieur de bachelors.

Des bachelors en trois ans sur concours commun…

Une poignée d’ESC sélectionnent les ­candidats français grâce au concours Atout + 3. C’est le cas d’Audencia, pour son « bachelor management » ; de la Burgundy School of Business (BSB), ex-ESC Dijon Bourgogne, qui permet une troisième année en alternance ; de l’EM Normandie ; du groupe Sup de Co La Rochelle avec son « bachelor business », qui ­impose au moins 13 mois de stage ; ou ­encore de l’ESC Clermont, qui forme plus de 80 % de ses étudiants en double ­diplôme avec une université partenaire, en Amérique du Sud, en Chine ou en ­Allemagne… Kedge, quant à elle, passe par le concours Ecricome.

… ou sur concours propre

D’autres écoles ont choisi de faire cavalier seul en créant leur propre concours, comme l’Ecole supérieure de commerce et de management (Escem) de Tours pour ses deux bachelors – l’un en développement commercial, à Orléans, l’autre en management international, à Tours et Poitiers – ou le « bachelor de ­management » de la Toulouse Business School (TBS), qui accueille plus de ­450 titulaires par an sur ses campus de Toulouse et Barcelone.

Quant à la Brest Business School, elle ­offre un « bachelor e-business et marketing », qui défend l’apprentissage d’une « culture numérique » à Vannes (et à Brest à partir de la rentrée 2018) ainsi qu’un « bachelor en management international » avec un parcours intégralement en anglais et une initiation au mandarin.

Quelques bachelors restent accessibles grâce à Parcoursup (le système d’admission postbac) avant un concours propre à chaque école, comme le diplôme en management international de la Rennes School of Business ou celui en « marketing and business » de l’Idrac. C’est également le cas du « bachelor gestion et ­marketing » de l’ESC Amiens, qui proposera dès la rentrée prochaine une nouvelle spécialisation en troisième année consacrée à la logistique ; et du « bachelor management relation clients » de l’ESC Pau Business School, qui compte environ 80 étudiants par promotion, dont la moitié choisira l’alternance en dernière année.

De formidables opportunités à l’étranger

L’internationalisation est l’un des principaux atouts du bachelor. Le cursus « chargé d’affaires internationales » de Grenoble EM et celui de « développement international et sociétal » de l’Ecole supérieure de commerce et développement 3A, à Lyon, offrent tous deux un niveau bac + 3 largement tourné vers l’étranger. Le premier est accessible par Atout + 3 et triplement accrédité (AMBA, AACSB et EQUIS), ses frais de scolarité s’élevant à plus de 30 000 euros pour l’ensemble du programme. Le second propose un parcours en alternance dans une entreprise ou une ONG en troisième année et ouvre la voie aux métiers de l’humanitaire, entre autres. Accessible sur concours, il se déroule à Lyon et coûte près de 7 000 euros la première année.

Les BBA, en quatre ans

Parmi l’offre de bachelors en France, les BBA (« bachelors of business administration »), diplômes de niveau bac + 4, sont pour la plupart également à visée internationale. Kedge et Neoma proposent par exemple un cursus en quatre ans dont au minimum la moitié à l’étranger, accessible en première année par le ­concours ­Sésame, et aux frais de scolarité s’élevant à au moins 9 000 euros l’année.

Le concours Sésame permet aussi d’accéder au « global BBA » du groupe Essec, au BBA de l’ESC Troyes et au BBA international de La Rochelle Business School, dont 90 % des diplômés finissent par travailler en lien direct avec l’étranger.

Skema Business School possède elle aussi son « BBA in global management », aux neuf spécialisations, des plus classiques – marketing, commerce international – aux plus originales – développement durable, gestion des environnements marins. EM Lyon possède elle aussi son BBA, sur ses campus de Saint-Etienne, Paris, Casablanca et Shanghaï.

Certains BBA sont accessibles grâce au concours Pass (qui permet l’accès aux groupes Edhec et Inseec) ou sur dossier, notamment à l’Ecole de commerce européenne (ECE) de Bordeaux (Inseec), qui accueille 500 diplômés par an au sein du « BBA responsable marketing, finance et commerce international ». L’Edhec a aussi choisi ce double mode de recrutement pour ses larges promotions – plus de 700 étudiants, regroupés sur ses campus de Lille et Nice, qui disposent tous deux d’un incubateur d’entreprises.

Dans les écoles d’ingénieurs, d’informatique, d’art…

Dans le domaine de l’audiovisuel, du journalisme ou de la communication aussi, les bachelors en trois ans se sont ­développés. Le groupe ESRA (Etudes supérieures de réalisation audiovisuelle) ­regroupe par exemple trois formations inscrites au RNCP et visées par l’Etat. Pour chacune d’elles, le cursus débute par deux années de tronc commun puis une année de spécialisation. La première formation délivrée par l’ESRA est spécialisée dans les métiers du cinéma et de la télévision ; la deuxième, de l’Institut supérieur des techniques du son (ISTS), se consacre aux métiers du son ; et la troisième, aux ­métiers du film d’animation. Toutes ces formations sont accessibles sur concours.

Les écoles d’art ont également été nombreuses à ouvrir des bachelors, ­souvent non visés par l’Etat. Certaines formations sont toutefois inscrites au RNCP, comme le titre d’« architecte d’intérieur-designer » délivré par l’ESAM Design (Ecole supérieure des arts mo­dernes), l’école Hourdé, Autograf ou l’institut CREAD (Institut supérieur en architecture intérieure et design).

Les écoles d’ingénieurs et d’informa­tique n’entendent pas rater le coche.

Un bachelor inscrit au RNCP, réservé aux ­futurs administrateurs systèmes et ­réseaux, est par exemple proposé à l’ENI Ecole informatique (sur ses campus de Nantes, Rennes et Niort), à l’école ­Doranco – qui forme aussi des chefs de projet Web et des développeurs d’applications multimédia –, à l’Institut européen de formation en ingénierie informatique (IEF2I) et à l’Institut des métiers de l’informatique et de l’entreprise (IMIE).

Les bachelors peuvent également se ­révéler plus techniques, à l’instar du ­diplôme de technicien supérieur professionnel en géologie, à l’Institut polytechnique UniLaSalle, de Beauvais ; un cursus accessible par Parcoursup qui offre une trentaine de places chaque année. ­

Evidemment, de nombreux autres ­bachelors, non visés par l’Etat ou certifiés par le RNCP, proposent des spécialisations variées aux bacheliers de toutes les séries, allant des ressources humaines à l’agriculture en passant par le stylisme.

Découvrez notre dossier spécial sur le bachelor

Le Monde publie, dans son édition datée du jeudi 15 février, un supplément dédié au bachelor, ce cursus de trois années qui séduit les bacheliers pour son enseignement concret, sa proximité avec les entreprises et son incroyable ouverture à l’international. Plus accessible qu’une classe prépa, le bachelor ouvre des perspectives en termes d’insertion professionnelle comme de poursuites d’études. Est-il la prochaine révolution du supérieur ou un miroir aux alouettes ?

Les différents articles du supplément seront progressivement mis en ligne sur Le Monde.fr Campus, dans la rubrique bachelor