Traders au New York Stock Exchange (NYSE), vendredi 9 février 2018. / SPENCER PLATT / AFP

La Bourse de New York, le New York Stock Exchange (NYSE), a connu des journées agitées la semaine dernière. Le 5 février 2018, l’indice Dow Jones a brièvement perdu plus de 1 500 points, soit 6 %. L’autre indice phare américain, le S&P 500, a reculé de 4,1 %. Malgré un rebond de Wall Street le 9 février, ses deux indices phares ont abandonné plus de 5 % sur la semaine, leur plus forte perte hebdomadaire depuis janvier 2016.

L’onde de choc s’est propagée sur toutes les places financières, notamment en Europe. Au total, les Bourses mondiales ont perdu 7 500 milliards de dollars de capitalisation (valeur des Bourses) en l’espace d’une semaine.

Pourquoi les Bourses connaissent-elles de telles fluctuations ? Qu’est-ce qui explique leurs mouvements ?

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Quand on parle d’indices boursiers, de quoi parle-t-on ?

Les indices sont le reflet des cours des actions des entreprises cotées en Bourse. Il existe deux types d’indices. Ceux qui sont « pondérés » par les prix, comme le Dow Jones, à la Bourse de New York, et le Nikkei, à la Bourse de Tokyo, simplement calculés selon la moyenne arithmétique des cours des actions qui les composent.

Les autres indices prennent en compte les capitalisations boursières, c’est-à-dire les cours cotés des actions multipliés par le nombre d’actions en circulation. Ils pondèrent les valeurs par le nombre de titres en circulation de chaque société.

Dow Jones

Souvent raccourci en Dow Jones, le Dow Jones Average Industrial est le plus ancien des indices boursiers. Créé en 1896, il ne comprend que 30 valeurs.

S&P 500

Créé en 1957, cet indice est basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les Bourses américaines. L’indice est possédé et géré par Standard & Poor’s, l’une des trois principales sociétés de notation financière. Il a détrôné le Dow Jones parce qu’il est composé d’un plus grand nombre de compagnies et que sa valeur tient compte de la capitalisation boursière des compagnies contenues dans l’indice.

Nasdaq

L’indice Nasdaq Composite a été créé en 1971, conjointement au Nasdaq, marché électronique des valeurs technologiques. Dans l’indice, l’importance de chaque compagnie est proportionnelle à sa capitalisation boursière.

FTSE 100

L’indice que l’on appelle de façon familière le « footsie », regroupe les cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la Bourse de Londres. Il a été lancé en 1984.

CAC 40

Le CAC 40 (cotation assistée en continu) est le principal indice boursier de la Bourse de Paris. Créé en 1988, il est déterminé à partir des cours de quarante actions cotées en continu parmi les cent sociétés dont les échanges sont les plus abondants. Quand une valeur cote à la hausse, le CAC 40 augmente la pondération de la valeur dans l’indice.

DAX

Le Deutscher AktienindeX (DAX) est le principal indice boursier allemand. Sa valeur est fondée sur le cours des actions des 30 plus importantes entreprises cotées à la Bourse de Francfort.

Nikkei

Composé de 225 sociétés, le Nikkei est le principal indice boursier de la Bourse de Tokyo. Il est l’abréviation de Nihon Keizai Shinbun, le nom du quotidien économique qui le publie.

A quels événements les indices boursiers sont-ils sensibles ?

« Le marché est un indicateur avancé du cycle économique », souligne Sylvain Goyon, responsable de la stratégie actions chez Natixis. Les Bourses anticipent l’évolution des principaux indicateurs économiques dans le monde. Elles y réagissent aussi. Tout comme elles anticipent et réagissent aux « faits et gestes » des acteurs économiques.

Sont ainsi particulièrement importants :

  • les signaux émis par les banques centrales, qui agissent notamment sur les taux d’intérêt (une hausse de ces taux renchérit le crédit bancaire et peut donc freiner l’activité économique et les profits des entreprises).
  • les statistiques économiques : indice des prix à la consommation (inflation), à la production, indice des directeurs d’achat ou de la demande d’emploi sont les indicateurs les plus suivis. La semaine dernière, c’est, notamment, l’annonce d’un rebond de l’inflation salariale aux Etats-Unis qui a déclenché le mouvement de recul.
  • les résultats des sociétés : les résultats trimestriels ont des conséquences immédiates sur les autres entreprises mondiales appartenant au même secteur.

Quand Wall Street s’enrhume, les marchés en Asie et en Europe prennent-ils forcément froid ?

Tableau électronique indiquant l’évolution de l’indice Nikkei, à Tokyo, le 6 février 2018. / TORU HANAI / REUTERS

Les Bourses sont toutes liées entre elles. A Tokyo, par exemple, les investisseurs vont réagir à la clôture, la veille, de New York et aux marchés asiatiques. Attentive au niveau du dollar face au yen, la place japonaise a toutefois sa propre dynamique, liée aux résultats des entreprises nippones.

En Europe, s’ils sont ouverts de 8 heures à 20 heures, les marchés n’affichent pas de véritable tendance avant 15 h 30, heure d’ouverture des marchés américains. De 15 h 30 à 22 heures, les opérateurs n’ont d’yeux que pour les grands indices boursiers américains (Nasdaq, Dow Jones, S&P). « La corrélation est très forte entre le marché américain et le marché européen », explique Sylvain Goyon.

Les liens entre les différentes Bourses sont renforcés par l’utilisation de techniques comme les transactions à haute fréquence (high frequency trading, en anglais). Cette pratique repose sur des machines capables d’analyser des phénomènes statistiques et d’exécuter des ordres à très grande vitesse, en tirant profit d’écarts de prix même minimes sur les valeurs.

Quels sont les exemples fameux de contagion boursière ?

Krach de 1929

Cette crise survient à la Bourse de New York entre le 24 octobre (« jeudi noir ») et le 29 octobre 1929. Mais ses effets se prolongent : le 8 juillet 1932, l’indice Dow Jones tombe à son plus bas niveau depuis sa création. Comme les banques américaines ont des intérêts dans de nombreuses banques et Bourses européennes et qu’elles rapatrient d’urgence leurs avoirs aux Etats-Unis, la crise financière se propage progressivement dans toute l’Europe. Parallèlement, les échanges économiques internationaux se contractent.

Traders à la Bourse de New York en octobre 1929. / AFP

Crise asiatique

En juillet 1997, la crise démarre à Bangkok avec la chute du baht. Elle entraînera la chute des monnaies d’Asie du Sud-Est, un krach sur les marchés actions asiatiques et aura un effet négatif sur les Bourses européennes – l’un des rares exemples de contagion des marchés européens produits par des événements asiatiques.

Eclatement de la bulle internet

En avril 2000, le Nasdaq, qui représente les principales valeurs technologiques américaines, s’effondre. Cette chute se répercute sur tous les marchés. A Paris, le CAC 40 chute jusqu’en mars 2003 (− 65 % en deux ans et demi).

Crise des subprimes

Le dégonflement brutal de la bulle de l’immobilier aux Etats-Unis, et principalement des subprimes, entraînent une crise bancaire et boursière autour du monde qui commence le 10 août 2007, avec des chutes de 2 à 3 % des places européennes et asiatiques.

Le 15 septembre 2008, l’annonce de la banqueroute de la banque d’affaires américaine, Lehman Brothers fait chuter toutes les places financières du monde. A Paris, le CAC 40 perd 3,8 %.

Le vrai krach commence le 6 octobre 2008. La plupart des Bourses mondiales connaissent la plus forte baisse de leur histoire sur une semaine : − 22 % à Paris, − 24 % à Tokyo, où une compagnie d’assurance fait faillite, et − 21 % à New York.

Vidéo : la crise des subprimes expliquée
Durée : 06:14

« Flash crash » du 6 mai 2010

A la Bourse de New York, les cours s’effondrent : en quelques minutes, le Dow Jones chute de plus de 9 %. Un vent de panique s’empare des marchés et 1 000 milliards de dollars s’envolent. Le trading à haute fréquence est mis en avant. Un robot a mal interprété une statistique et a revendu toutes ses actions. Pour stopper l’emballement, la Bourse de New York suspend ses ordinateurs quelques instants.