Documentaire sur France 5 à 20 h 55

La question de la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle refait régulièrement surface. Le documentaire d’Elsa Fayner, ­plutôt que d’alimenter directement le débat, s’attache à comprendre les ressorts de cette affection qui ne fait encore l’objet d’aucun diagnostic officiel. Et, pour y parvenir, la réalisatrice a choisi de donner la parole à cinq personnes aux activités radicalement différentes – cuisinier, ­assistante sociale, responsable associatif, berger, cadre bancaire –, dont le point commun est d’avoir tous été « tués à petit feu » par le travail qu’ils aimaient.

Elsa Fayner a recueilli le témoignage de Brigitte, cadre de banque d’une quarantaine d’années, qui se souvient des douleurs ­physiques ressenties avant que son corps ne cède définitivement, mettant fin à un rythme de vie effréné. « Je travaillais tous les week-ends. Pendant sa ­finalisation, j’ai dormi trois heures en trois jours, et environ vingt heures sur les dix derniers jours », se souvient la jeune femme. A l’époque, elle travaillait sur un projet, le plus beau de sa vie selon elle, mais destructeur.

Frédéric Amiel, ex-responsable associatif pour la COP 21. | LA GÉNÉRALE DE PRODUCTION

Les autres témoignages évoquent tous cette dimension ­affective au travail qui tend à faire oublier tout le reste. Jacques, chef cuisinier, explique avoir toujours voulu gérer sa cuisine comme son propre foyer. Or, c’est précisément ce manque de discernement entre vies professionnelle et privée qui serait, à en croire le psychologue du travail Samuel Michalon, l’une des causes du « burn-out », un terme ­né dans les années 1970 et dont l’utilisation n’a cessé de se répandre en même temps que le mal qu’il désigne.

Selon une étude du cabinet Technologia publiée en 2014, un peu plus de trois millions de Français seraient exposés à un risque élevé de burn-out. Les propos tenus dans ce documentaire vont dans ce sens, tous contribuant à dresser un état des lieux du monde du travail alarmant (culte de la performance, méthodes brutales de management, ­dégradation des conditions professionnelles…) et à nous faire prendre conscience de la nécessité qu’il y aurait à reconnaître cette maladie, qui recevait encore en mai dernier un avis défavorable de la haute autorité de santé.

La Mécanique du burn-out, d’Elsa Fayner (Fr., 2017, 65 min).