La Maison de la recherche de l’université Toulouse-II Jean-Jaurès bloquée. / Compte Twitter de L'Union des étudiants de Toulouse

L’université de Toulouse-II Jean-Jaurès a connu, jeudi 15 février, sa troisième journée de blocage depuis le début de l’année, dans le cadre de la mobilisation nationale contre la loi « orientation et réussite des étudiants », accusée d’instaurer la sélection à l’entrée des universités. Mais cela fait au total deux mois que l’établissement, spécialisé dans les sciences humaines, est perturbé.

En cause, le vote, le 12 décembre 2017, du projet de fusion avec l’université Toulouse-III Paul-Sabatier et deux écoles d’ingénieurs, l’Institut national des sciences appliquées (INSA) et l’Institut national de polytechnique de Toulouse (INPT). Etudiants et personnels s’étaient prononcés, lors d’une consultation, contre cette fusion, craignant d’être mis de côté dans cette nouvelle structure à dominante scientifique. La moitié du conseil d’administration du 12 décembre avait également voté contre la fusion. Ils ont vécu comme une « trahison » le fait que le président fasse alors basculer le résultat, en statuant en faveur de la fusion.

« On ne peut plus lui faire confiance, il n’a plus de légitimité », tranche Célian Malosse, secrétaire général de l’UNEF de Toulouse, qui estime sa démission nécessaire à la sortie de la crise. « Je ne peux pas quitter le navire maintenant. Il faut que l’on arrive à un consensus », fait de son côté valoir le président de l’université, Daniel Lacroix.

Vote du budget empêché pour la quatrième fois

La dernière assemblée générale, mercredi matin, qui a rassemblé 400 participants parmi les personnels – plus que les précédentes, selon Hervé Petit, membre du syndicat FSU –, a voté la reconduction de la grève jusqu’à vendredi. Lors des trois journées de blocages contre la réforme de l’accès à l’université, certains professeurs ne faisaient pas cours et certains services, comme le centre d’enseignement à distance, étaient à l’arrêt.

La mobilisation consiste également, contrer le projet de fusion, à « empêcher la tenue des conseils d’administration, soit en faisant en sorte que le quorum ne soit pas atteint, soit en envahissant la salle », explique Hervé Petit. Mercredi, le conseil d’administration n’a pas pu se tenir, repoussant le vote du budget pour la quatrième fois consécutive.

Dans l’ensemble, les étudiants peuvent aller en cours. « Bloquer n’est pas un but, mais un moyen de nous faire entendre », assure Célian Malosse, côté UNEF. Les examens du premier semestre se sont déroulés comme prévu en janvier. « Environ 80 % des cours ont pu se tenir, il y a eu des ajustements en fonction de l’organisation des salles. Mais en règle générale, l’accès aux cours n’a été empêché que lors des grosses journées de mobilisation », confirme le président de l’université. Déplorant que « quelques actes administratifs [soient] mis en péril, comme les conventions et les contrats », Daniel Lacroix craint toutefois que le blocage des bâtiments administratifs n’ait des conséquences pour les étudiants.