Manifestation contre la famille Gupta, le 15 février à Bloemfontein. / SIPHIWE SIBEKO / REUTERS

La police sud-africaine a annoncé, jeudi 15 février, avoir émis un mandat d’arrêt contre Ajay Gupta, l’un des frères d’une sulfureuse famille d’hommes d’affaires proches de Jacob Zuma.

Ce mandat d’arrêt intervient le lendemain de la perquisition du luxueux domicile de cette famille originaire d’Inde, accusée d’avoir infiltré le sommet de l’Etat sud-africain grâce à leur amitié avec Jacob Zuma. La police a procédé à l’arrestation de huit personnes, poursuivies pour fraude, blanchiment d’argent et vols d’argent public dans un projet d’exploitation laitière. Ces individus ont comparu jeudi au tribunal de Bloemfontein et ont obtenu leur libération sous caution.

Les Gupta et des personnes qui leur sont associées sont soupçonnés d’avoir bénéficié frauduleusement de fonds publics versés par la province du Free State pour ce projet d’exploitation laitière qui ne s’est jamais concrétisé. Selon la presse locale, un total de 220 millions de rands (15 millions d’euros) auraient été détournés au profit de la fratrie.

Ajay Gupta est, lui, recherché dans une autre affaire de corruption, selon un porte-parole de la police, qui s’est refusé à donner plus de détails.

Un destin lié à celui du président

Dès les années 1990, la famille Gupta mise sur Jacob Zuma, au moment où personne ne lui prédisait un destin présidentiel. Leur relation fusionnelle – depuis surnommée « Zupta » par les médias sud-africains – éclate au grand jour en 2013 lorsqu’un avion transportant 200 convives pour un mariage organisé par la fratrie atterrit à la base militaire de Waterkloof, sans que personne sache qui en a donné l’autorisation.

Influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, versements de pots-de-vin… Sous la protection de M. Zuma, les Gupta ont joui d’une complète immunité, élaborant une « capture d’Etat » qui pourrait avoir coûté des milliards de rands (des centaines de millions d’euros) à l’Afrique du Sud. Depuis leur salon, les frères nommaient des ministres ou organisaient des raids sur les entreprises publiques.

A la mi-2017, les fuites des « Guptaleaks », des centaines de milliers d’e-mails sortis tout droit de l’une de leurs nombreuses sociétés, offrent une ribambelle de preuves matérielles de leurs méfaits. Malgré cela, la justice a pris son temps, jusqu’à aujourd’hui.

Depuis l’élection de Cyril Ramaphosa à la tête de son parti, l’ANC (le Congrès national africain), en décembre, les événements se sont accélérés. En janvier, Jacob Zuma a été contraint de nommer une commission d’enquête sur la « capture de l’Etat ». Ce qui n’a pas suffi à calmer le mécontentement des Sud-Africains : mercredi 14 février, M. Zuma a été de nouveau contraint par la pression populaire. Cette fois, il a remis sa démission de son poste de président de la République.