De 22 heures à 1 heures du matin, 350 équipes composées de fonctionnaires de la Ville, de personnels associatifs et de Parisiens volontaires, et dirigées chacune par un travailleur social, vont compter les sans-abri, dont le nombre réel a été au cœur de polémiques ces derniers jours. / AFP/JOEL SAGET

Environ 2 000 personnes, dont 1 700 bénévoles, participent dans la soirée de jeudi 15 février, à Paris, à la première Nuit de la solidarité. Organisée par la mairie de Paris, elle vise à compter les sans-abri, dont le nombre réel a été au cœur de polémiques ces dernières semaines.

A Paris, « ça va être une grande première », s’est félicitée la maire, Anne Hidalgo, en début de soirée, alors que les participants suivaient une formation express de deux heures avant de partir arpenter les rues de la capitale. Ce genre d’opération existe déjà à New York, Bruxelles ou Athènes.

Dans le 1er arrondissement, comme un peu partout dans Paris, un formateur énumérait règles éthiques et conseils pratiques aux équipes de bénévoles, dont beaucoup allaient faire une maraude pour la première fois de leur vie : « Respectez strictement l’anonymat, même si la personne vous donne son prénom », « on ne réveille pas de personne endormie », « on ne rentre jamais dans des tentes fermées, ce sont de lieux privés »

De 22 heures à 1 heure du matin, 350 équipes composées de fonctionnaires de la Ville, de personnels associatifs et de Parisiens volontaires, et dirigées chacune par un travailleur social, prendront « une photographie du nombre de personnes à la rue » afin de « mieux adapter ensuite notre dispositif », avait expliqué l’ajointe municipale à la solidarité, Dominique Versini, le 8 février.

40 « zones à risque » couvertes par des professionnels

Ils quadrilleront la capitale « rue par rue », sauf les bois de Vincennes et Boulogne, les gares, métros et hôpitaux, pris en charge par la SNCF, la RATP et l’AP-HP. Les bénévoles ne seront toutefois pas envoyés dans les 40 « zones à risque » (proches du périphérique, présence de toxicomanes, etc.) identifiées au préalable et couvertes uniquement par des professionnels.

Au-delà du recensement quantitatif, un questionnaire non obligatoire et anonyme permettra également d’« améliorer la connaissance des profils » des SDF. Il se composera de question comme « où pensez-vous passer la nuit ? », « quand avez-vous été hébergé la dernière fois ? », « avez-vous essayé d’appeler le 115 [le numéro du Samusocial] ? », « avez-vous des problèmes de santé ? ».

De premiers chiffres seront dévoilés « en milieu de semaine prochaine », a précisé Anne Hidalgo, évoquant la date du 20 mars pour la restitution de résultats complets de l’enquête. L’opération sera renouvelée l’an prochain.

Ce comptage intervient après une polémique née des propos du secrétaire d’Etat chargé du logement, Julien Denormandie, qui a affirmé fin janvier qu’il y avait 50 hommes « isolés » sans abri en Ile-de-France. Des propos qualifiés d’« insupportables » dans Le Journal du dimanche par le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Louis Gallois.