Les joueurs français après leur défaite face à l’Ecosse. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Le brouillard persiste dans le ciel d’Edimbourg. Depuis cette nuit du dimanche 11 au lundi 12 février, la soirée du XV de France après sa défaite en Ecosse laisse encore beaucoup de questions en suspens.

Pour donner le change, et parce qu’elle semble dépassée par le cours des choses, la Fédération française de rugby (FFR) a « décidé de diligenter une enquête interne afin de faire la lumière sur le déroulé de la soirée » passée dans une boîte de nuit de la capitale écossaise, a-t-elle annoncé dans un communiqué, mercredi 14 février, au beau milieu du Tournoi des six nations.

Ce que l’on sait

Lundi matin, au lendemain de leur défaite face aux Ecossais, l’avion qui devait ramener les Bleus en France a été bloqué sur le tarmac de l’aéroport d’Edimbourg. Six joueurs en ont été extraits : Anthony Belleau, Jonathan Danty, Félix Lambey, Louis Picamoles, Rémi Lamerat et Yacouba Camara. Ils ont été entendus dans la journée par la police écossaise comme témoins potentiels après le dépôt d’une plainte pour « agression sexuellle », selon L’Equipe ; une plainte retirée, par la suite, avec une « rapidité surprenante », ajoute le quotidien sportif.

La police écossaise a conclu après investigation qu’« aucun crime » n’avait « été commis » dans la soirée de dimanche à lundi.

Par ailleurs, dans un dossier qui semble distinct, elle a indiqué n’avoir eu vent d’aucune bagarre impliquant des joueurs en boîte de nuit, à l’inverse de ce qu’indiquaient plusieurs médias français.

Après leur soirée, deux autres joueurs sont pourtant bien apparus avec le visage endolori : il s’agit d’Arthur Iturria et Geoffrey Palis. Mardi, le premier nommé a justifié ses points de suture et sa blessure au nez par… une chute dans sa chambre d’hôtel. Le second a avancé une explication tout aussi étonnante, expliquant avoir malencontreusement cogné sa tête contre… une lampe.

Ceux qui ont été exclus

Initialement, le sélectionneur du XV de France devait communiquer dès lundi sa liste de joueurs retenus pour affronter l’Italie, le 23 février. Finalement, Jacques Brunel l’a annoncée mardi. Il a décidé d’exclure du groupe, pour une durée d’un match, plusieurs joueurs du XV de France. Cinq des six joueurs entendus par la police ont été sanctionnés, tous, donc, à l’exception de Yacouba Camara.

Trois autres joueurs, qui n’ont pourtant pas fait l’objet d’un interrogatoire, figurent également parmi les fêtards exclus avant le match contre l’Italie : Teddy Thomas (auteur de deux essais contre l’Ecosse), Arthur Iturria et Sekou Macalou.

Selon le quotidien L’Equipe, Yacouba Camara aurait été confondu par la police avec Sekou Macalou, ce qui expliquerait pourquoi le second a été sanctionné par la FFR, et non le premier.

Pour aucun de tous ces joueurs, jeunes pour la plupart, la « fédé » ne développe un motif précis. « Par ce comportement inapproprié, ils n’ont pas respecté leur statut de joueur international et les devoirs qui en découlent », élude simplement le communiqué fédéral.

Malgré sa blessure mystérieuse, Geoffrey Palis fait, lui, bien partie du groupe retenu face à l’Italie. Enfin, précisons que le cas d’Alexandre Lapandry fait figure d’exception : le joueur a lui aussi été retiré du groupe pour préparer le prochain match, mais son départ relève d’un simple choix tactique et n’aurait a priori rien à voir avec la soirée d’Edimbourg.

L’embarras de la « fédé »

La FFR se serait bien passée de cette affaire. Déjà fragilisé par des soupçons de conflits d’intérêt visant Bernard Laporte et une série d’un an sans victoire sur le terrain, le rugby français se retrouve donc à traiter un nouveau dossier sensible.

L’affaire met encore une fois les dirigeants de la FFR face à leurs limites. Son président, Bernard Laporte, avait indiqué lundi que les événements survenus à Edimbourg n’étaient « pas méchants ». Mercredi soir, devant l’ampleur grandissante du dossier, il s’est donc pourtant résigné à ouvrir une enquête interne.

Cette enquête sera confiée à une « commission ad hoc », sous la conduite de Christian Dullin, secrétaire général de la FFR. Elle « devra rendre un rapport qui permettra le cas échéant, sur des faits établis, de saisir les organes compétents de la FFR à des fins de sanctions personnalisées », a ajouté la fédération.

Parmi les éléments à éclaircir, reste à déterminer si ou non les joueurs du XV de France avaient bien reçu préalablement l’autorisation de sortir en ville dimanche soir après leur défaite et après le traditionnel « pot du président », organisé à l’hôtel comme il est d’usage. D’après L’Equipe, un dirigeant fédéral aurait bien accordé son aval, mais sans faire partie pour autant du staff technique. Un point à clarifier qui ajoute au flou ambiant.