Les uniformes pour fille et garçon créés par Armani. / Taimei elementary School/AP

Lors de la rentrée scolaire, le 1er avril, les élèves de l’école primaire publique Taimei, située au cœur du quartier ultrachic de Ginza, à Tokyo, auront un style impeccable. Leurs nouveaux uniformes, signés Armani, devraient coûter jusqu’à 85 428 yens (640 euros) pour les filles, 80 244 yens (601 euros) pour les garçons, contre un maximum de 19 000 yens (142 euros) pour le modèle actuel. Un choix qui a suscité de vives réactions au Japon.

Révélée jeudi 8 février par le conseil pour l’éducation de l’arrondissement de Chuo, où se trouve cette école vieille de 140 ans et connue pour son portail en fer forgé et sa façade couverte de lierre, l’affaire a fait réagir jusqu’au Parlement. Le député du Parti de l’espoir (opposition) Manabu Terada a estimé que, pour un établissement public, « des limites au fardeau financier imposé aux parents devraient être envisagées ». Le vice-premier ministre et ministre des finances, Taro Aso, a reconnu que l’uniforme créé par la marque de mode italienne était « trop cher ». Quant à son collègue de l’éducation, Yoshimasa Hayashi, il a annoncé des mesures pour que la dépense ne « soit pas trop élevée pour les parents ».

« Nous avons fait le tour des grands magasins du quartier et Armani a accepté de réaliser le design. » Toshitsugu Wada, proviseur de l’école Taimei

A l’origine de la décision, le proviseur, Toshitsugu Wada, refuse en tout cas de reconsidérer son choix. Tout juste reconnaît-il aux familles n’ayant pas les moyens le droit d’opter pour un autre ensemble, à condition qu’il ressemble à celui signé Armani. C’est en novembre que le directeur de cette école primaire a annoncé son souhait de voir les élèves vêtus d’uniformes « dignes d’une école de Ginza ». « Nous avons fait le tour des grands magasins du quartier et Armani a accepté de réaliser le design », a-t-il fait savoir. Selon certains, la maison Chanel aurait un temps été envisagée.

A l’annonce du coût, nombre de parents ont réagi, certains dénonçant notamment une décision prise sans concertation. Tandis que d’autres, tel ce grand-père d’un des élèves interrogé par la chaîne publique NHK disait : « Pourquoi pas ? » Sur son blog, Naoki Ogi, populaire spécialiste des questions d’éducation, estime que « cela revient à dire : “Les pauvres, ne venez pas !” »

Beaucoup d’écoles japonaises, du primaire à l’université, publiques ou non, imposent
un uniforme dont le style s’est longtemps inspiré des uniformes de parade des armées occidentales. La première à l’avoir prescrit fut l’université impériale – ancêtre de la prestigieuse université de Tokyo –, en 1886, à l’époque réservée aux garçons. Pour les filles, le style marin, dérivé des uniformes de la marine britannique, aurait été pour la première fois introduit en 1920 à l’université anglicane St. Agnes (Heian Jogakuin) de Kyoto. Depuis les années 1980, la tendance a évolué vers l’ensemble blazer – jupe plissée ou pantalon. A Ginza, l’heure semble désormais au chic italien.