Au lendemain de la deuxième tuerie la plus meurtrière dans un établissement scolaire public aux Etats-Unis, les enquêteurs cherchent à cerner le profil de Nikolas Cruz, 19 ans, et comprendre ce qui l’a poussé à tuer dix-sept personnes.

Le jeune homme a avoué aux policiers être l’auteur des meurtres et se retrouve sous le coup de 17 chefs d’accusation pour meurtre avec préméditation. Jeudi, il a comparu en combinaison orange de prisonnier, tête baissée, face à la juge qui lui a signifié son maintien en détention sans possibilité de libération sous caution.

  • Une enfance difficile

Né en septembre 1998, Nikolas Cruz a été adopté à la naissance, avec son frère, par un couple de quinquagénaires. Son père adoptif est mort en 2004 et sa mère, en 2017 d’une pneumonie, à l’âge de 68 ans. La perte de sa mère l’a « traumatisé car il était proche d’elle », raconte un voisin dans Paris Match. A sa mort, il a été hébergé dans la famille d’un ancien copain de classe.

L’avocat de sa famille d’accueil a assuré que celle-ci n’avait « rien vu venir ». « Ils l’ont hébergé en se disant qu’ils faisaient une bonne action, a-t-il expliqué. Il était un peu bizarre, et il était déprimé après la mort de sa mère, mais qui ne le serait pas ? »

Au lycée, il était connu pour être un élève à problèmes, selon plusieurs témoignages recueillis par les médias américains. « Il y a eu des problèmes quand il a menacé des étudiants l’année dernière et je pense qu’on lui a dit de quitter le campus », a déclaré au quotidien Miami Herald Jim Gard, un professeur de mathématiques qui avait eu l’élève dans sa classe. Selon lui, la direction du lycée avait prévenu de ne pas accepter l’élève sur le campus s’il portait un sac à dos en raison de ces menaces proférées. Il a fini par être exclu de l’établissement pour des raisons disciplinaires, selon le proviseur Robert Runcie.

Selon les médias américains, la police avait été alertée de problèmes de voisinage concernant Nikolas Cruz, qui travaillait par ailleurs dans un magasin du quartier en parallèle du lycée. Suivi par un établissement de soins psychiatriques, il avait interrompu son traitement depuis un an, détaille le maire du comté de Broward.

Le shérif du comté, Scott Israel, n’a pas confirmé un lien entre ses problèmes psychologiques et la fusillade, tout en estimant que c’était « une hypothèse ».

  • Amateur d’armes et lié aux suprémacistes blancs

Pour le massacre, il a utilisé un fusil d’assaut semi-automatique de type AR-15, acheté légalement, ont fait savoir les autorités. Nikolas Cruz suivait par ailleurs une préparation militaire, selon des sources au sein du Pentagone.

Selon l’Anti-Defamation League, une association de lutte contre l’antisémitisme, Nikolas Cruz prenait part régulièrement à des réunions de la « République de Floride » (Republic of Florida), groupuscule prônant la supériorité de la race blanche.

Jeudi, Jordan Jereb, le leader autoproclamé de ce groupe avait dit à l’Associated Press que M. Cruz était un membre du groupe, avant de se rétracter et de faire savoir qu’il ne savait pas si cela était vrai ou non.

Fusillade en Floride : « Il s’était préparé pour ce truc »
Durée : 01:17

  • Passage à l’acte annoncé ?

Nikolas Cruz avait peut-être annoncé son passage à l’acte. La police fédérale (FBI) a reconnu avoir été alertée en septembre à propos d’un commentaire laissé sur YouTube par un utilisateur du même nom que le tireur : « Je vais devenir tireur professionnel dans les écoles. » Des vérifications ont été faites mais elles n’ont pas permis d’identifier son auteur, a expliqué jeudi l’agent fédéral Rob Lasky.

Un lycéen interrogé sur les lieux de la fusillade a affirmé que le passage à l’acte de Nikolas Cruz était prévisible. « Honnêtement, beaucoup de gens disaient que ce serait lui » qui « arroserait le lycée », a-t-il assuré. Un autre élève, qui était dans sa classe l’an dernier, a confié à l’Agence France-Presse avoir trouvé « quelque chose de bizarre » chez lui. « Il était silencieux, les gens le harcelaient parfois et il y avait des rumeurs sur lui, comme quoi il prévoyait une fusillade dans une école. Mais personne ne le croyait. On pensait que c’était juste des rumeurs jusqu’à ce que, malheureusement, ça arrive. »

Un troisième, interrogé par la chaîne locale WSVN-7, explique que le jeune homme était un « enfant à problèmes » qui possédait des armes chez lui et qu’il avait parlé de les utiliser. « Il tirait au fusil parce que ça lui procurait une sensation d’ivresse », explique-t-il.

  • Arrestation sans incident

Après la tuerie, Nikolas Cruz s’est enfui, dissimulé dans la foule des élèves qui évacuaient le lycée. Il a ensuite passé plus d’une heure à flâner dans un magasin Walmart et dans deux fast-foods avant d’être arrêté.

Il a été conduit en prison et pourra donc être jugé, contrairement à la majorité des fusillades de masses aux Etats-Unis, à l’issue desquelles le tireur est abattu par la police ou se donne la mort.