Le sujet de la tuerie de Parkland a été le plus relayé par les faux comptes russes dans les heures qui ont suivi l’attaque. / QUENTIN HUGON / LE MONDE

Dans les heures qui ont suivi la tuerie du 14 février dans un lycée de Parkland en Floride, de faux comptes, pour certains opérés depuis la Russie, ont multiplié les messages sur Twitter.

Au lendemain du drame, Wired constatait ainsi sur le site Botcheck.me, qui surveille l’activité de 1 500 comptes « de propagande politique », que ceux-ci postaient majoritairement des messages automatisés à propos de la tuerie, et utilisaient massivement des mots comme « tuerie en milieu scolaire », « contrôle des armes », « lycée » ou « école de Floride ».

Ce vendredi 16 février, au surlendemain des événements de Parkland, les mots-clés « Floride » et « tuerie » figuraient toujours parmi les dix plus utilisés par ces faux comptes.

Si le site Hamilton 68, édité par le groupe anti-Poutine Alliance for Securing Democracy (« l’alliance pour protéger la démocratie ») analyse les messages de faux comptes Twitter, il se concentre uniquement sur des comptes associés à la propagande russe. Il a lui aussi fait le compte des mots les plus utilisés par les 600 « bots » russes qu’il a identifiés : « NRA » (National Rifle Association, association de promotion des armes à feu), « Nikolas » (le prénom du tireur présumé), « Floride » ou « professeur ».

Surtout, le lien qui aurait été le plus posté sur cette période par ces faux comptes serait un article de 2014 de Politifact.com, qui qualifie de « plutôt faux » le nombre alors généralement admis d’attaques survenues dans des écoles.

Attirer l’attention

Paradoxalement, toujours selon Hamilton 68, le mot-clé qui a connu la plus forte progression ces quarante-huit dernières heures est le pourtant très progressiste #gunreformnow (« pour une réglementation des armes à feu, maintenant »), alors même que les faux comptes russes propagent généralement des idées et des mots-clés conservateurs.

Pour l’analyste d’Alliance for Securing Democracy Bret Schafer, interrogé par Wired, il ne s’agirait en effet pas ici d’influencer l’opinion ou d’attiser les tensions entre libéraux et conservateurs, comme cela a pu être le cas par le passé. « Je ne pense pas que le Kremlin s’intéresse à nos lois sur le contrôle des armes. C’est, en gros, juste un appât », pour attirer l’attention et faire grossir la communauté des abonnés à ces faux comptes Twitter.

Dans un rapport remis le 19 janvier au Sénat américain, Twitter reconnaissait que les tentatives d’influence russes sur son réseau social lors de l’élection présidentielle avaient été plus importantes que d’abord estimées. L’Internet Research Agency (ou IRA, une organisation russe de diffusion de propagande proche du gouvernement) se cacherait en effet selon l’entreprise derrière près de 4 000 comptes qui se présenteraient faussement comme appartenant à des médias, activistes, ou citoyens américains.

Twitter aurait plus largement identifié 50 000 comptes automatisés créés en Russie, associés à des numéros de téléphone ou des adresses e-mails russes, ou dont le nom était en cyrillique. De faux comptes qui ont massivement soutenu et relayé le discours de Donald Trump, mais aussi, dans une moindre mesure, celui d’Hillary Clinton.