Laurent Wauquiez , le 27 janvier à Paris. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Le retour de bâton est aussi violent que la teneur des propos. Les déclarations sans filtre de Laurent Wauquiez, enregistrées à son insu lors d’une conférence donnée à des étudiants lyonnais, continuaient dimanche 18 février de faire des vagues, y compris dans son propre camp.

« Ça pourrait être un des membres de la famille Le Pen : c’est la même tonalité, la même violence », a résumé sur BFM-TV Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, qui a quitté le parti Les Républicains après l’élection de M. Wauquiez. « Une des raisons pour lesquelles j’ai quitté LR, c’est cette violence, ce cynisme en politique, je ne les supporte plus », a ajouté l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, pour qui « c’est pire que du Trump ».

« On a besoin de rassembler, pas de diviser »

En cause, des extraits sonores diffusés vendredi soir par l’émission « Quotidien », dans lesquels on entend notamment M. Wauquiez affirmer, devant les étudiants d’une école de commerce lyonnaise, que Nicolas Sarkozy « mettait sur écoutes pour pomper tous les mails, tous les textos », les portables des membres du gouvernement lors des conseils des ministres.

Dans cet enregistrement, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes se dit également « sûr et certain » qu’Emmanuel Macron et ses équipes « ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition » contre François Fillon. Quant au ministre Gérald Darmanin, visé par une enquête pour abus de faiblesse, « il sait ce qu’il a fait » et « il va tomber », affirme M. Wauquiez.

Au sein même des Républicains, les propos de M. Wauquiez ont aussi fait grincer des dents. « On a besoin de rassembler, pas de diviser (…) Ces propos ne concourent pas au rassemblement » du parti, a ainsi regretté Eric Woerth, député de l’Oise, sur France 3. « Il n’y aurait pas ces propos, ce serait peut-être mieux. » Selon lui, M. Wauquiez « est suffisamment intelligent pour tenir compte de ça ». Le président d’Auvergne-Rhône-Alpes, qu’il a eu depuis vendredi au téléphone, « était un peu ennuyé par l’avalanche de commentaires », a reconnu Eric Woerth.

« Choquant »

Alexis Corbière, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, a trouvé « choquant » le fait que M. Wauquiez glisse dans l’enregistrement qu’il dit du « bullshit [des conneries] » quand il est sur un plateau de télévision. « Je ne vais pas à la télé pour dire autre chose que ce que je pense », a lancé M. Corbière au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.

Ces déclarations de M. Wauquiez vont « entraîner de plus en plus de Français dans le dégoût de la politique et l’abstention », redoute, quant à lui, Florian Philippot, président des Patriotes.

Dans la majorité, les critiques ont continué de pleuvoir contre celui qui veut apparaître comme le premier opposant au chef de l’Etat. Le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, a ainsi fustigé des propos « violents qui ne grandissent pas la politique », lors du Grand Rendez-vous Europe 1-CNews-Les Echos.

Hugues Renson, député La République en marche de Paris, a de son côté décrit sur Radio J un M. Wauquiez « en voie de trumpisation ». « On ne s’adresse pas à des étudiants en colportant des ragots », met en garde cet ancien conseiller de Jacques Chirac, qui s’interroge sur l’éventuelle rémunération du président d’Auvergne-Rhône-Alpes pour ce type d’interventions.