Documentaire sur 13e Rue à 22 h 50

Bande annonce : 20 ans dans le couloir de la mort, Keith Doolin contre l’Etat de Californie
Durée : 00:41

« C’est le genre d’affaire où on se demande : mais comment ça va se finir ? » Cette question, posée dans le film par David Ibarra, journaliste, résume bien le cas Keith Doolin. Ce routier au chômage est arrêté en octobre 1995 par la police, alors qu’il accompagne sa mère chez le médecin, à Fresno, en Californie. Il est soupçonné d’avoir tué deux prostituées et d’en avoir agressé quatre autres. Au terme d’un procès bâclé, Keith Doolin est condamné à mort. Vingt ans plus tard, sa date d’exécution n’est toujours pas fixée, et l’homme clame son innocence, victime, selon ses proches et ses avocats, de la machine judiciaire américaine.

Agnès Buthion s’était déjà penchée, en 2016, sur les erreurs judiciaires dans Projet Innocence, une série documentaire retraçant le parcours de plusieurs Français et Américains condamnés, à tort. Cette fois-ci, c’est à Fresno qu’Agnès Buthion retrouve Donna Larsen, la mère de Keith Doolin, qui se bat pour faire sortir son fils de la prison de San Quentin, le « plus long » couloir de la mort des Etats-Unis, avec 750 détenus condamnés à la peine capitale.

Pistes inexplorées

Témoignages et documents juridico-policiers à l’appui, la réalisatrice reconstitue les étapes du procès, sans omettre d’en relever les failles, les pistes inexplorées à l’époque par l’avocat de Keith Doolin, qui auraient pu permettre, à défaut d’innocenter le jeune homme, de semer le doute auprès des jurés. « Il faudrait un nouveau procès, un point c’est tout », déclare aujourd’hui son nouvel avocat, Me Robert Bryan.

Keith Doolin. / 13E RUE

Le documentaire d’Agnès Buthion pourrait être un lointain cousin de Soupçons (2004), l’excellent feuilleton judiciaire de Jean-Xavier de Lestrade, qui retrace sur près de seize ans l’affaire Michael Peterson, écrivain accusé d’avoir tué sa femme. Mais quand l’intrigue de Soupçons démarrait dès le début des faits, Vingt ans dans les couloirs de la mort reprend l’affaire deux décennies plus tard, avec les difficultés que cela implique.

Les reconstitutions restent parfois laborieuses et les plans redondants. Si les premiers épisodes ont tendance à piétiner, le troisième volet parvient, lui, à insuffler une nouvelle dynamique dramatique à l’enquête et à nous garder captivés, jusqu’au dénouement.

Vingt ans dans le couloir de la mort : Keith Doolin contre l’Etat de Californie, d’Agnès Buthion (1 et 2/4, Fr., 2018, 2 × 55 min).